Après avoir réalisé Brice de Nice, nous ne pouvons qu’attendre qu’une seule chose de la part du cinéaste James Huth : avoir une comédie française délurée ! Mais attention, « délurée » ne veut pas dire réussie. Il suffit de voir son long-métrage suivant, une adaptation de Lucky Luke, avec Jean Dujardin dans le rôle titre et qui s’est avérée être une véritable catastrophe sans queue ni tête, ennuyeuse et pas drôle. Alors que Brice de Nice avait beau être un navet, c’était au moins assumé et annoncé comme tel. Du coup, le rire s’est montré plus facile, et le divertissement plus efficace. Maintenant, il ne reste plus qu’à voir si Hellphone penche plus vers Brice de Nice que vers Lucky Luke.

Mais avant de vous parler d’Hellphone, faisant un bref résumé de Christine. Film de John Carpenter sorti en 1983, adapté du roman éponyme du célèbre Stephen King. Dans lequel un adolescent timide et complexé tombe sous le charme d’une voiture. Dès qu’il s’occupe d’elle, son comportement commence à changer, devenant plus sûr de lui au point de fréquenter la plus belle fille du lycée. Mais la voiture, qui semblerait vivante, en devient jalouse et commence à tuer tous les amis du héros, voulant à tout prix retrouver l’affection de ce dernier. Pourquoi vous parler de Christine ? Tout simplement parce qu’Hellphone raconte exactement la même chose : vous remplacez la voiture par un téléphone portable (est-ce pour surfer sur un sujet d’actualité ?) et l’ambiance du thriller par une atmosphère humoristique, et le tour est joué ! Une fois ça en tête, nous pouvons tranquillement aborder Hellphone comme il devrait être. À savoir une parodie de Christine. Et si tel n’est pas le cas, au moins une comédie déjantée.

Malheureusement, dans notre plus grand désarroi, le film de James Huth n’est rien de tout cela. Que l’on connaisse Christine ou pas, cela ne fait aucunement la différence, Hellphone ne dépassant jamais son postulat de base. Il s’en contente, avec fainéantise. Et encore, c’est un bien faible mot ! Car si vous vous attendez à retrouver la loufoquerie de Brice de Nice, même là vous resterez sur votre faim !

Dans sa mise en scène, James Huth a ce petit quelque chose qui permet de dynamiter le film. Qui donne à l’ensemble tout le côté déluré qui, normalement, doit pousser l’effet comique de la situation à son extrême. Encore faut-il qu’il y ait de l’humour à exploiter. Et c’est là qu’Hellphone se vautre lamentablement ! Avec une telle mise en scène, il est dommage de voir que l’humour du film ne décolle jamais. Nous avons droit à quelques petites répliques qui peuvent faire sourire. Mais honnêtement, avec un réalisateur de cet acabit, une affiche haut en couleur, le design du téléphone, un script de ce genre et le surjeu voulu des comédiens, le long-métrage devait se montrer cartoonesque, non ? Tûûût, vous êtes le maillon faible ! Hellphone ne décoiffe aucunement, ressemblant plus à un bien mauvais épisode télévisuel de Titeuf. Avec des moments comiques bas de gamme et qui ne sont donc jamais à la hauteur de la mise en scène. Comme si le film n’assumait jamais son statut de loufoquerie gargantuesque. Comme s’il en avait peur.

De ce fait, un seul mot arrive en tête dès les premières minutes du film : ennuyeux. En même temps, vous vous retrouvez avec une comédie qui ne fait pas rire tant l’humour n’arrive pas à toucher les plus de 7 ans, il est normal de se désintéresser du produit aussi vite. D’autant plus que ce dernier vire dans le n’importe quoi quand, enfin, il décide de se présenter comme l’objet déjanté annoncé. Problème : à trop être resté dans ses retranchements et ne prenant pas la peine d’être aussi con qu’un Austin Powers ou un Scary Movie, quand le film se lâche, cela ne marche nullement. En clair, il est incompréhensible de voir qu’une comédie qui est restée sage autant de temps devient un délire inattendu à la Walking Dead (avec ces étudiants « zombifiés », qui cassent les vitres pour entrer dans une salle de classe et attaquer nos héros). Un tel changement de rythme nous passe littéralement au-dessus de la tête. Nous sommes plus à nous demander « c’est quoi ce bazar ? » que « c’est quoi cet effet de génie ? ». Alors, avec cette impression en poche, la mise en scène en devient, du coup, plus poussive et lourdingue que prévu.

D’une comédie qui aurait pu avoir son public et son petit succès, nous nous retrouvons finalement avec une énième comédie française qui use de célébrités nationales (ici, Jean-Baptiste Maunier, l’enfant star des Choristes) et qui, à aucun moment, ne parvient à nous arracher le moindre rire (le sourire pouvant, de temps en temps, faire une apparition sur notre visage déjà crispé par ce ratage). Si vous voulez que ce film vous serve à passer le temps, il est conseillé de le regarder sous amphétamine, afin que la mise en scène excessive de James Huth trouve un sens et renforce l’impact des situations, qui manquent cruellement d’humour. Donc, en conclusion, Hellphone se rapproche bien plus de Lucky Luke : un long-métrage sans queue ni tête, qui n’amuse que les comédiens. C’est déjà pas mal en soi !

Créée

le 16 mai 2014

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