Hellraiser 2 : Les Ecorchés est mon épisode préféré de la saga Hellraiser. Si le premier était un chef d'oeuvre, plongeant le spectateur dans un univers à la fois malsain et intimiste tout en gardant un certains mystère (on ne sait à quoi ressemble le monde des Cénobites, ni mêmes qui ils sont vraiments), Hellraiser 2 va aller plus loin et s'imposer comme l'une des meilleurs suites qu'ait connu le cinéma horrifique; Tout comme pour ma critique de Hellraiser, je vais y aller point par point. Le film est réalisé cette fois par Tony Randel. Je n'ai vu aucun de ses films à ce jour (à part celui que je critique) mais il a l'air d'avoir surtout travaillé dans les films d'horreur et de fantastique de séries B. Et bien déjà je peux dire que Randel est un excellent réalisateur car le film qu'il a fait dégage une mise en scène absolument sublime. Le film se partage en deux parties :
la première introduit dans un hôpital psychiatrique les personnages, que ce soit ceux du premier film et les nouveaux, tandis que la seconde nous plonge dans le labyrinthe infernal. Les longs couloirs de l'hôpital préfigurent déjà les couloirs du labyrinthe. D'ailleurs l'idée des couloirs dans Hellraiser est un élément récurent de la saga sans doute pour représenter la perte de repère et la folie que vivent les personnages ouvrant la Boîte et étant confronté aux Cénobites et à Leviathan.
Du premier film nous retrouvons Kirsty (toujours jouée par Ashley Laurence), Julia (Clare Higgins), Frank (Sean Chapman) ainsi que les Cénobites Pinhead (Doug Bradley), Female (Barbie Wilde), Chatterer (Nicholas Vince) et Butterball (Simon Bamford). Tous sont excellents, mais c'est surtout du côté des nouveaux que l'intrigue est intéressante : Tiffany (Imogen Boorman) est une jeune patiente qui ne parle pas pendant la majorité du film (seulement dans les 15 dernières minutes) mais qui se révèle un personnage très intéressant : on ignore son passé, au début, mais plus le film avance, et plus on en apprend plus sur elle.


On apprend par exemple que le docteur Channard a sans doute tué la mère de Tiffany, afin de garder la jeune fille pour l'utiliser à ouvrir la Boîte.


Au fur et à mesure elle va se rapprocher de Kirsty et ensemble elles essaieront de refermer les portes de l'Enfer. Tiffany représente l’innocence pure mais qui va se retrouver plongé dans un véritable enfer, poursuivie par les Cénobites et par le terrible docteur Channard qui veut à tout prix se servir d'elle.
Dommage que Tiffany n'apparaisse que dans ce film, car son personnage aurait mérité d'aparaître dans une suite (genre Hellraiser 3 où elle aurait pu faire une bien meilleure héroïne, mais ça j'en parlerais quand je réécrirais ma critique de Hellraiser 3).
Le docteur Channard (Kenneth Cranham) est l'antagoniste principale du film et aussi un personnage très intéressant. C'est un fanatique de la Boîte et depuis toujours il voue une passion pour cet univers qu'il rêve de découvrir un jour ou l'autre. Quand Kyle (William Hope) entre dans la maison du docteur, il y découvre les véritables passions malsaines de Channard. L'idée de faire de l'antagoniste un fanatique de l'Enfer du Leviathan est une excellente chose.


On ne sait cependant pas si il a déjà rencontré Elliott Spencer et si il savait sur Pinhead, vu qu'il a la photo de Spencer dans son classeur.


Pour mon analyse je vais évoquer le livre de Paul Kane que j'ai évoqué dans ma critique du premier opus.
Hellraiser 2 : Les Ecorchés évoque le mythe d'Orphée avec Kirsty recherchant son père. Kirtsy représente Orphée et Larry peut être Eurydice.


Le fait que Kirsty ne reverra plus son père, mais se retrouvera face à Frank, rappelle l'échec de d'Orphée qui perdra Eurydice. Au passage, Andrew Robinson devait à la base reprendre le rôle de Larry, mais l'acteur refusa et son personnage fut écarté du scénario.


La représentation de l'Enfer est intéressante : le labyrinthe représente d'abord la perte. Lors de l'opération de cerveau par le docteur Channard, le directeur de l'hôpital psychiatrique évoque le cerveau comme un labyrinthe, un puzzle. Le monologue qu'il donne à ce moment est excellent et annonce les thématiques du film : la mémoire, pour commencer avec la semi-amnésie de Tiffany et son voyage dans le labyrinthe. Cela aussi représente la perte et la tentative de retrouver quelque chose. Retrouver un proche, un désir, un savoir.
Le labyrinthe évoque un autre mythe : le minotaure dans le labyrinthe. Ici le monstre humanoïde c'est Channard/Cenobite "enfant" de Julia et Leviathan. Fruit de l'union d'un humain et d'un monstre. Kirsty représente Thésée et Tiffany représente Ariane. Sauf que cette fois ce ne sera pas le fil qui aidera Kirsty, mais le talent de Tiffany à résoudre des puzzles. De plus l'amitié remplacera ici l'amour.


Le film évoque aussi le savant fou avec le Docteur Channard. Le savant est un élément de certains film d'épouvantes, surtout celui ayant de mauvaises motivations. Ici il recherche d'en savoir plus et d'expérimenter à travers le monde des Cénobites.


Sa transformation en Cénobite le rend pire qu'avant, car là où il cachait son mauvais côté sous le masque médicale, ici il laisse la libérer sa part d'ombre en devenant le monstre qu'il est réellement. Il représente la peur de voir sa part d'ombre nous échappé, mais aussi le péché de faire le mal.


Le film évoque aussi les contes de fée avec bien entendu le conte du Petit Chaperon rouge avec Kirsty rencontrant le loup (Frank) se faisant passer pour mère-grand (Larry) et croisant entre temps le chasseur l'avertissant d'une certaine manière (Pinhead et les autres Cénobites informant Kirsty que son père n'est pas dans cet Enfer).
Julia évoque aussi la méchante belle-mère des contes.


On apprend dans ce film, l'identité des Cénobites. Pinhead fut capitaine dans l'armais britannique ce qui explique le fait qu'il commande les autres Cénobites. Il devient capitaine au service de Leviathan après avoir servit la couronne britannique. Female fut (c'est mentionné dans des sites spécialisés sur la saga) une nonne qui voulut rechercher le péché du plaisir sexuel ce qui explique la forme vaginale de sa gorge ouverte. Si d'ailleurs on peut Female comme la nonne, Pinhead peut être vu et est même désigné par Clive Barker comme le prêtre. Butterball était un pervers et sans doute un violeur (ce qui rajoute au côté pervers du personnage avec lunettes noirs cachant ses yeux cousus de voyeurs et sa manière de passer sa langue sur ses lèvres à chaque fois qu'il croise Kirsty). Chatterer était quand à lui un enfant sans doute curieux de jouer avec cette Boîte et qui a perdu la vue afin de le punir d'être curieux. Les claquements de dents évoque aussi la peur, et le fait d'être seul. Chose intéressante, il à des yeux la dernière fois où on le voit. Cela semble être récompense où alors un choix personnel du Cénobite.


Avant de conclure, je tenais à évoquer la fin originale du film.


Si dans le montage cinéma, on voit un pillier sortir du matelas. Ce pillier reviendra d'ailleurs dans le troisième film, une version alternative fut tournée mais jamais intégré dans le montage final. Julia devait surgir du matelas. Car, oui à la base, c'était elle la méchante de la saga et non Pinhead. Mais la popularité de ce dernier et le fait que Clare Higgins ne voulait plus rejouer dans un autre opus de la saga on eu raison de cet avenir. A quoi aurait ressemblé la saga sans Pinhead, aurait elle était meilleur ? Julia aurait elle rencontré Angélique dans le quatrième film ? Tant de question qui resteront sans réponse.


Pour conclure Hellraiser 2 : Les Ecorchés est une suite qui arrive à se hisser au niveau de l'original. Il offre des thématiques intéressantes, une réalisation sublime ainsi qu'une bande originale tout aussi exceptionnelle que dans le premier, voir meilleur. Rajoutant une photographie de toute beauté et on obtient une continuité au film original intelligente et qui ne sera jamais égalé dans le reste de la saga.

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le 24 sept. 2014

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