Tout d'abord laissez moi vous confier un secret : Scarlett Johansson m'en touche une sans faire bouger l'autre. Je la trouve plutôt vulgos avec ses gros boobs, sa sexualisation permanente, son obsession vulgaire à vouloir être la Marylin du XXIème siècle. (Regardez la photo qui l'illustre sur ce site, cet appel lubrique des yeux entièrement artificiel, c'est d'une lourdeur quasiment pornographique ) .
Aussi ai je été heureux qu'elle figure dans le film de façon désincarnée et qu'on ne dispose que de sa jolie voix râpeuse (ma foi fort sensuelle) sans être obnubilé par ses formes sexuellement agressives, çà repose...
Et puis , on peut ainsi apprécier l'intelligence provocatrice de Spike Jonze pour un des plus pertinents contre emploi de l'histoire du cinéma : prendre l'icône sexuelle d'une génération pour lui faire jouer un artefact sans corps (et qui le regrette beaucoup en début de film ) qu' on ne verra jamais, c'est une remarquable ironie, d'une cruauté implacable !! Joli coup, Spike !!
Pour en finir avec l'interprétation, je suis désolé de n'avoir pas grand chose à dire de la moustache de l'ami Joaquin, n'étant pas adepte des épanchements people du monde moderne (Wouah t'as vu, le changement de look, le ralliement aux codes hipsters, quelle révolution !! )
A moins que Jonze, mais c'est peut être accorder trop de crédit à son intelligence, ait voulu accentuer encore sa peinture d'un monde aseptisé en montrant la volonté du personnage à cacher toutes ses imperfections ( cachez ce bec de lièvre que je ne saurais voir) derrière des aménagements purement cosmétiques.
Peut être, après tout, dans mon infinie candeur, exagéré-je l'intelligence de cette pelloche.
Car vous l'aurez compris, ô malin(e) lecteur(trice), c'est de l'intelligence diabolique de ce film dont je vais vous parler maintenant. Il convient d'éviter 3 erreurs, communes dans les quelques critiques que j'ai lu par ici :
A/ C'est un film de science fiction qui parle du futur. Non non, çà cause de maintenant, de moi, de toi, ami lecteur, de nous, de notre monde occidental aseptisé, sans aspérités : les seuls conflits sont d'ordre sentimentalo-affectifs, il n'y a plus de conflits sociaux, plus de lien social, chacun parle tout seul dans le métro, au travail, chez soi, devant des jeux vidéos stupides et répétitifs.
Je vais vous dire un autre secret : n'ayant pas de permis voiture, ne faisant pas de vélo, je circule dans la grande ville en transports en commun, et c'est bien MAINTENANT, et non demain, qu'on y voit des gens enfermés dans leurs solitudes, toutes de claviers et d'oreillettes, n'échangeant plus un regard, plus un mot, de peur d'être agressé, de se retrouver face à la vraie vie, face à de vrais gens.
B/ C'est une histoire d'amour, triste et belle. Ha, ha, rions ensemble ... C'est un film sur la solitude, la dépression, la névrose et surtout la commercialisation des sentiments. Après tout le héros a ACHETE, PAYE son amoureuse virtuelle et rien ne nous oblige à croire à la fable des OS qui s'évadent dans un ailleurs paradisiaque et mystérieux. Peut être n'est ce là qu'une ruse du fabricant faisant disparaître les entités amoureuses/amicales dans un processus d'obsolescence programmée, pour préparer la sortie prochaine de l'OS2, qui donnera encore plus de satisfaction à tous les frustrés de la terre. Après tout nous aussi dans notre quotidien nous changeons de partenaire après un échec amoureux ou une amitié brisée ( vous en connaissez beaucoup vous des gens qui entrent au couvent, se retirent du monde à la fin d'une histoire ??). On se rend sur un site de rencontre (Louezunmec.com, siteànanas.org) et on recommence avec des partenaires plus beaux, plus propres, plus modernes, comme on achète un nouveau téléphone portable, un nouvel ordinateur, une nouvelle carte-mère.
C/ C'est une histoire CCLP (cucul la praline). Ben non je viens de vous le dire...On n'est pas obligé de croire à la critique de l'ami Torpenn, toujours enclin, d'humeur atrabilaire, à penser que les films qui sortent de ses critères esthético/moraux (que je partage souvent, je veux le préciser) sont bêtes à manger du foin, trop mode et trop rusés pour être honnêtes. Il faut parfois, ami Torpenn (je sais je ne suis pas ton ami, on n'a même pas bu une bière ensemble) admettre qu'un cinéaste peut être plus malin qu'on ne croit et cacher sous le rose des affiches et des (laides) chemises de son acteur une oeuvre plus noire que tu ne l'as ressenti.
C'est l'histoire cruelle et désabusée de nos vies, de nos manques, de nos névroses à deux balles, de nos besoins de consolations impossibles à rassasier, comme le disait l'ami Stieg Dagerman (pour ceux qui ne connaîtraient pas, je ne peux que recommander ce petit texte sans concessions, qui nous rappelle notre difficulté à vivre et en même temps, l'espoir qui toujours nous anime. Rassurez vous, çà ne fait qu'une dizaine de pages écrit gros, vous retournerez vite à votre jeu en ligne favori).
J'm'en vais lui rajouter une étoile à ce film, moi finalement, juste pour emm...Torpenn, qui s'en fout , comme d'habitude, à raison.