Ce film est une machine à émotion, un ascenseur émotionnel rouge et rose avec vue sur un futur proche très crédible. Un futur où le parfum des circuits imprimés est imbibé de phéromones, où Joaquin Phoenix fait l’amour à son Iphone.
D’où cette question : Les androïdes rêvent-ils de gonzesses électriques ?


Si vous ne connaissez pas le pitch, je peux voir d’ici, derrière mon écran vos yeux circonspects s’agrandir de surprise et d’incompréhension. Un résumé s’impose :

Résumé : Dans un futur proche, Théodore Twombly est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition de Samantha, un programme informatique ultramoderne et en tombe amoureux.

- HIM : DING ! SIRI, je t’aime, je veux te faire l’amour sauvagement et t’insulter en allemand.
- SIRI : DING ! J’ai trouvé cinq love hôtels dans les environs

Cette réponse mécanique de la machine résonnerait comme un mauvais écho du passé dans HER, le film où le système d’exploitation touche de son doigt électronique ce qui nous sépare de l’animal : la conscience de soi et les émotions.

Her nous entraine dans un environnement tout doux de moquette rouge sentimentale, accompagné par une musique d’ascenseur poétique. Dans cette fable futuriste, on pleure, on rit, on se pose des tas de questions existentielles…


Poésie, douceur et mélancolie englobe donc Théodore avec ses pantalons montants des années 50 et sa moustache (légèrement hipster sur les bords, Ted), comme quoi la mode tourne en rond. Une très bonne appréciation du futur. Bien vu Spike Jonze.

HER est beau, des plans aseptisés et un univers propre qui contraste avec le chaos apparent de l’esprit de Théodore. On a plaisir à le suivre dans son histoire banale mais touchante, le personnage étant tellement sensible et discret. Un anonyme parmi la foule.

Le rythme de HER est agréable, bien amené, on reste tranquillement dans son fauteuil à contempler cette douce poésie dramatique, comique et futuriste.

Entre parenthèse : Le titre est parfait, il humanise totalement l’objet qu’est Samantha, le système d’exploitation. Bravo pour ce paradoxe, un bon point pour Spike.

C’est un film futuriste certes mais qui n’a pas besoin d’effets spéciaux à la Minority Report, le sujet n’est pas là, vous l’aurez compris. Allergiques de la science fiction type Matrix ou Star Wars, n’ayez crainte.

Si l’univers que construit Spike Jonze est crédible et cohérent c’est surtout parce qu’il est proche de nous, à la fois dans le temps et dans nos comportements individualistes et ultra connectés. Le spectateur peut ainsi se projeter plus facilement dans ce nouveau monde de demain. Malin ce Spike.

Joaquin Phoenix, cet animal mythique n’a pas besoin de renaître de ses cendres pour démontrer, encore une fois, qu’il est un caméléon capable de jouer n’importe quel rôle. Un jeu parfait dans le rôle de l’inconsolable sentimental, rien à redire, 10/10.

Quant aux courbes avantageuses de Scarlett Johansson, vous ne les verrez que dans votre imagination, la belle blonde n’apparaît pas une seule seconde à l’écran. Scarlett qu’on ressent, qu’on sent juste à travers sa voix, humanise la machine, on l’imagine aux côtés de Théodore, lui caressant la joue. Spike Jonze ne s’est pas trompé sur le casting, Scarlett a une voix tellement reconnaissable et agréable qu’une autre actrice n’aurait peut être pas fait l’affaire. Encore un bon point pour Spike. Au prochain c’est une image.

« L’amour est une forme de démence admis par la société »
Amy, la seule amie de Théodore aurait du rajouter « même avec son ordinateur » puisque c’est bien de cela qu’il s’agit dans HER.

Jamais un sujet futuriste n’a autant été d’actualité : La folie douce des temps modernes : L’individualisme et la dépendance aux objets que l’homme a lui même créé.
Une réflexion de la société bien amenée dans HER, agréable à suivre, sans en faire trop puisque le sujet est en arrière-plan. Une façon d’alerter indirectement le spectateur sur les dangers de nos comportements modernes : Des assistés des relations humaines, presque aucune relations sociales, cet individualisme poussé à l’extrême, les gens dans les rue collés à leur téléphone, hyper connectés à leurs machines : le cocon de notre personnalité se referme sur nous jusqu’à nous emprisonner.

Avec HER sont aussi relancées les vieilles machines SF : Blade Runner (les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, de Philip K. Dick, génial ce titre), Ghost in the shell, à savoir : est ce que les machines ont une âme du fait de leur intelligence artificielle.
Il s’agit aussi d’une quête existentielle : qu’est ce qui définie l’âme ?
Rasoir ? Vous trouvez ?

Alors NON, le thème n’est pas nouveau. Mais alors pas nouveau du tout. Evoquons simplement le Metropolis de Fritz Lang en 1927 et 2001 Odyssée de l’espace de Kubrick en 1968. Voilà, HER n’invente rien mais reprend agréablement des éléments qui fonctionnent.

Si l’on met de côté l’emballage futuriste, sur lequel repose l’intégralité de l’histoire, l’intérieur reste un drame sentimental classique.
La forme fait presque tout, le fond n’est pas si profond, n’ayez pas peur de vous noyer.

Même si j’ai beaucoup aimé suivre cet abruti de Théodore tomber amoureux de Scarlet-OSX, je ne considère pas HER comme un film majeur mais comme une belle histoire d’amour parmi tant d’autres qui ne se démarque qu’en reprenant autrement des éléments déjà vus.

Petit bémol également : 2h c’est long. Amputé de 20 bonnes minutes de scènes contemplatives, la sensation molle d’ennui ne se serait pas fait sentir.

Le final ne se solde pas vraiment par un Deus Ex Machina mais reste un peu facile. Je trouve que la fin n’est pas à la hauteur du reste du film : sans surprise et prévisible, des ficelles scénaristiques qui – a mon sens - ne mérite pas l’oscar du meilleur scénario.
Encore une démonstration par A+B que les oscars, césars et autres récompenses sont parfois de vastes blagues.

Malgré ses petits défauts, HER est un bon film ! J’ai passé un très bon moment !
LaylaSpade
7
Écrit par

Créée

le 5 avr. 2014

Critique lue 357 fois

LaylaSpade

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