Dans un futur qui ne semble pas si éloigné, « Her » c’est Samantha, un système d’exploitation (OS) plutôt intelligent. Lui, Théodore, écrit des lettres d'amours pour d'autres couples. Samantha et Théodore tombent amoureux l'un de l'autre. Et ce ne sont pas les seuls...

La force du film c’est la vitesse à laquelle on accepte ces relations entre OS et humains. La société futuriste l'accepte même plus vite que le héro: « She’s a OS ! » dit Théodore (Joaquin Phoenix), presque honteux ; « Cool… » lui répond son collègue Paul (Chris Pratt). Mais on oublie finalement très vite le coté science fiction au profit d’un questionnement très universel sur des valeurs comme les relations physiques et spirituelles d'amants, sur l’amour de quelqu'un de diffèrent et finalement encore plus largement sur la condition humaine. Pendant toute la première partie on voit une fresque à la fois antiraciste, idéalisant la relation amoureuse spirituelle, inquiète et excitée face à l’avancée technologique. C'est un environnement pas si déshumanisé qui nous vend finalement cette "utopie": des personnes habillées dans un style rétros colorés très doux qui contrastent avec un mode de vie futuriste semblent vivre convenablement avec une technologie d'assistés très poussée.

Avant d’arriver à sa fin, Her parle de tellement de choses qu’on ne s’attarde vraiment pas sur les mêmes points que nos voisins. Certains verront un film démontrant que la relation spirituelle sans relation corporelle fonctionne bien que difficilement. D’autres comprendront un message antiraciste d’une nouvelle forme de couple mixte. Enfin on peut aussi voir Her comme une vision de l’être humain construit par sa famille, ses amis, la société, lui même; exactement comme les OS sont construits par des ingénieurs, basés sur leurs personnalités. Les OS, comme les humains, se développent ensuite eux même, ont des sentiments tout aussi valides que les nôtres et ressentent la vie en tenant compte de leur passé.

Profondément optimiste pendant presque tout le récit, Spike Jonze nous impose une fin sortie de nulle part. Elle renverse tout, un message d’espoir est réduit à néant de manière incompréhensible et trop brutale. Cela veut-il dire que ce film rejette l’idée d’une relation uniquement spirituelle ; que Spike Jonze ne croit pas les histoires d’amour qui sortent des codes classiques? Comment savoir ? Cette fin reste un mystère: tellement attendue mais inexplicable. On n'espère pas un happy end, mais comment comprendre un dénouement si violent quand le reste du film nous pousse dans une direction radicalement opposée?

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le 11 mai 2014

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Théo Madar

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