Grande thématique du XXe siècle, la relation de l'homme avec la machine a fait les grandes heures de la SF. Asimov, K. Dick, Galouye, Scott Card, une horde de penseurs ont planché sur le sujet et défriché cette épaisse jungle. Peut-on programmer les émotions, peut-on éprouver de l'amour pour une intelligence artificielle et en retour, celle-ci peut elle devenir suffisamment sophistiquée pour développer des sentiments, du désir..? Aujourd'hui Spike Jonze me propose de retourner à cette jungle, muni en guise de machette d'un Opinel rouillé.
On va pas aller bien loin.
Son film a si peu à dire, est tellement pauvre, démuni face à l'écrasant vivier de prédécesseurs qu'il en devient pathétique. Il y a plus de matière grise dans le chapitre consacré au même sujet dans le livre Speaker for the Dead que dans deux heures de ce soap larmoyant ! Au bout d'une demie-heure j'ai cru que Spike Jonze salopait son argument SF, avec des jeux vidéos de merde, le sex-chat ridicule, cette désincarnation forcée des rapports humains ( cf le métier du héros ) pour mieux entrer dans le vif du sujet mais même pas...
Her est une romance complètement quelconque sur laquelle on a greffé cette vague histoire d'ordinateurs pour faire hype mais sans jamais prendre le temps de s'interroger vraiment sur les implications philosophiques, les infinies possibilités, et surtout pas de prendre de positions qui pourraient choquer ou mettre mal-à-l'aise. C'est un grand vide, un test de Turing foiré...
Je pourrais ne pas lui en tenir rigueur et juste annoncer que je suis trop vieux pour ces conneries si encore le film était beau, mais là encore, échec. La photo, on dirait Terrence Malick qui a découvert Instagram, mes rétines ne sont pas encore tout à fait rétablies...
Tout ce que je peux de dire de bien sur ce film c'est que les acteurs assurent, et que ça vaut toujours mieux que cette saloperie de Where the Wild Things are.