Her. Qui aurait pu s'appeller "it", mais non c'est Her. Car elle est spéciale.
Spike Jonze, réalisateur intimiste et au style particulier revient avec une histoire d'amour entre un homme plus proche de la dépression que du rasoir et d'un système d'exploitation, une intelligence artificiel. Bref, un moustachu et une machine.
Autant le dire tout de suite, Her est un beau film, un métrage étonnant, mais qui se montre parfois dérangeant. On se met à la place de Theodore, on imagine cette possibilité d'une IA qui évoluera au point de parler comme un humain ... normal. On doute au début du film, on trouve cette voix subtile et inventive complètement irréaliste mais par la suite, on se met à y croire. En même temps que Theodore. Le monde où il vit est d'ailleurs particulier aussi. C'est un futur proche où la technologie a exacerbé l'individualisation des populations qui passent tout le temps avec leurs machines et ne sont plus assez en contact physique. Les scènes de métro sont claires là dessus, tout le monde parle à son appareil. Le summum est évidemment quand Theo passe progressivement tout son temps avec cette Samantha, qui existe et qui n'existe pas.
Devant la caméra, Joaquin Phoenix tout en moustache, pantalon taille haute et cheveux gras. Il interprète un écrivain de lettres manuscrites pour des clients moins imaginatifs ce qui lui permet de déballer une sensibilité rare et une tristesse qui frôle la dépression. Séparé depuis quelques années de l'amour de sa vie, il trouve son salut dans les nouvelles technologies et un quotidien solitaire. Un rôle idéal pour Joaquin Phoenix, plus proche de l’ermite que de la star hollywoodienne dans la vraie vie. Son regard est poignant et profond rendant l'histoire de Spike Jonze encore plus consistante. Rien n'aurait fonctionné sans une voix particulière pour Samantha et celle de Scarlett Johansson enchantera tout spectateur. Douce, drôle et sensuelle, la belle n'est pas présente physiquement mais c'est tout comme. On peut citer enfin les très bonnes prestations d'Amy Adams et Chris Pratt en uniques amis de Theodore, ces personnages forment son dernier lien avec la réalité.
Her est un film étonnant qui fait réfléchir sur la notion d'humanité et d'amour. Si le métrage peut se montrer long, Spike Jonze va au bout de son idée et ne recule devant rien, même des scènes d'amour qui dérangeront certains. A voir.