Le postulat d'une super-intelligence-artificielle a le don de m'agacer,
surtout dans sa dimension pathétique,
plus encore quand c'est la machine qui adopte une place de victime pleurnicharde.

"Her" tourne autour de ce modèle sans vraiment y plonger,
du moins, s'il y plonge, c'est sans la naïveté usuelle.

Le film se conclu même en sabordant tout ce courant de pensé:
S'il devait exister cette forme d'I.A qui touche à la conscience,
une de ses premières actions en découlant serait sa désertion!
En attendant, tout cela n'est qu'illusion, modélisation, statistiques, fonctions arbitraires et/ou aléatoires.

D'un autre côté, "Her" nous parle d'attachement humain à la machine, support de cette personnification teintée d'"amour". Au travers d'une voix, L'O.S en question dépasse toutes barrières de la communication pour toucher à l'intimité la plus profonde et s'y mêler. Nous sommes aujourd'hui, à mi-chemin avec le "monde de Her" et l'ensemble des conso-badeaux qui attendent ces avancements technologiques, se projettent dans ce courant en forçant de leur imagination, la ressemblance avec le genre d'aboutissement que nous présente le film.

Qu'on ne se méprenne pas, une voix-robot indécelablement réaliste, qui articule phonèmes, monèmes, jeux-de-mots, sentiments, émotions, doutes, ... de façon cohérente, réactive et simultanée en se basant sur un micro pour la reconnaissance verbale et une caméra, n'est pas proche de voir le jour !!! Néanmoins, l'imitation d'une telle "perfection" peut se pousser relativement loin en usant de samples et de bases de données colossales, de fausse réactivité pré-programmée, etc.
C'est principalement la crédulité de l'utilisateur qui détermine la crédibilité du programme.

Comme au cinéma où les vieux truquages et effets spéciaux des débuts, fascinaient ou horrifiaient les foules par leur réalisme mais sont aujourd'hui perçus très différemment, poétiques ou souvent de façon risible, tant on peut en voir les ficelles, l'objet encore balbutiant qu'est cette "imitation d'I.A" fait à sa mesure ce même parcours, tel que pour les plus naïfs et/ou crédules, la voix de la fille de "voice mail" est déjà super-sexy!

"Her" place donc la barre très haut en nous présentant cette voix chaude, un peu rauque, qui réagit en temps réel, prenant des initiatives dans la plus parfaite adéquation à l'entendement de son propriétaire!
Ce modèle vocale qui touche à l'archétype est un support idéal pour que l'amoureux de "la voix de voice-mail" se projette, qu'il oublie d'autant plus les ficelles et la mauvaise imitation.

Je pense que le film nous propose (qu'il le veuille ou non) un "antécédent" pour avancer vers plus de technologie de type I.A, poussant à l'acceptation de stades moins évolués dans l'espoir d'un jour connaître quelque-chose de semblable à cet aboutissement. Accepter comme interlocuteur/trice une mauvaise imitation d'I.A, telle qu'elle semble avoir été adoptée par tous/toutes au début du film, n'est pas un phénomène susceptible d'aider l'humanité à vivre dignement sa vie!

Je note aussi que la connexion de l'O.S au réseau semble être incontournable, irrévocable, ce qui n'est pas encore complètement acquis de nos jours, mais presque! C'est bien de là que découle "l'échec final".


Néanmoins, ce sujet abordé par Sike Jonze se démarque d'un Spielbeurk!
Le sentimentalisme est toujours malmené, grotesque à ses heures, comme quand son O.S le réveille en pleine nuit pour lui dire qu'elle l'aime!
En fin de compte, la pensée confuse de Théodore oscille entre l'illusion du bonheur technologique et son ridicule. Comme il n'ose pas trop se l'avouer puisque soutenu et confirmé par ses proches, il se contente de prendre un peu de bonheur accessible, peu importe ces divagations de l'esprit.
Il en va de même pour le film, un bon moment et des questions sans réponse...
tobor
7
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le 2 mai 2014

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tobor

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