C'est l'histoire d'un mec, célibataire, trentenaire, un peu bobo-hipster (il porte des chemises à carreaux, des lunettes, a une moustache et même un ukulélé).
Il en passe du temps, derrière ses écrans, dans le virtuel, connecté en permanence.
Il n'est pas super beau, mais a un certain charme. Mais surtout, il respire une gentillesse, une bienveillance qui dissimulent (plutôt mal) un mal-être général.


- Euh... Leslie ? Tu parles de qui, là ?
- Ben, du personnage de Joaquin Phoenix, pardi !
- Ah bon... T'es sûre, parce que ça ressemble quand même pas mal à...
- Oui, bon, j'y peux rien. Je vais essayer de rester neutre, ok ? Essayer, hein.
- C'est un film, rien qu'un film, n'oublie pas.
- Ouais, ouais. Oh pis, fous moi la paix, je fais ce que je veux d'abord.


Mesdames et Messieurs, vous venez d'assister à un dialogue intérieur entre deux de la trentaine de voix qui habitent actuellement mon esprit. Je vais bien, pas d'inquiétude.


Her, c'est typiquement le genre de films auxquels j'aurais voulu donner la note de 9 ou 10 avec coup de cœur et tout et tout. La bande-annonce me faisait baver, le synopsis itou. Et puis, Joaquin Phoenix quoi, le mec qui fait passer mille émotions juste par un regard.


But alors, quel est le problème, chère Leslie ?
Il y en a plusieurs, ma douce amie.
C'est un film qui m'a glacée. Ennuyée. Agacée. Effrayée.


L'ère glaciaire, tout d'abord : des vitres, du transparent, des écrans, le film en regorge. Non, il en abuse. C'est bon, on a compris la métaphore, Spike.


L'ennui : une scène sur une plage, dans une cabane (avec chanson sur du ukulélé - la chanson reste magnifique, mais chanté par Karen O, s'il vous plaît, et hors contexte du film), un tour à la fête foraine, c'est crô beau l'amour (même quand il n'est qu'illusion). Mais c'est un peu barbant pour le spectateur.


L'ennui, acte 2 : la relation homme-machine, je n'y ai pas cru (ou ne voulais-je pas y croire ? Hmmm, intéressant, Leslie). Que lui tombe pour cette créature virtuelle, passe encore. Mais l'inverse ? Elle l'allume, elle le sonde, elle l'utilise, elle le manipule, basta. Point d'amour. Désolée Jojo, tu as beau être super touchant en tant qu'acteur, mais là, ton histoire me laisse totalement indifférente. Sauf la confrontation avec ta future ex-femme, la seule qui ose te dire tes quatre vérités (cf. paragraphe suivant.)


L'agacement : lui, blessé par son passé, choisit la facilité en tombant amoureux d'un concept, d'un idéal au lieu de se confronter au réel, plus chaotique. Il succombe à une illusion. Secoue-toi, ouvre les yeux, ôte ton oreillette, imbécile. Ce laisser-aller à la passivité, ça m'énerve.


L'agacement, acte 2 : non, le côté bobo-hipster, je peux pas, vraiment.


Et enfin, l'effroi. Ben oui, ça me fait peur tout ça, qu'on puisse laisser gagner du terrain au virtuel aux dépens des interactions humaines (écrit-elle sur un réseau social après avoir passé une heure sur un jeu vidéo. Je ne suis que contradictions, pardonnez-moi, je ne suis pas parfaite, je ne suis pas une machine.) Je ne vais pas m'épancher sur ce sujet, je garde le reste pour mes 29 autres voix et mon psy.


Bon, y'a des points positifs à ce film quand même ?
Oui !



  • Jojo (surprise) ;

  • la bande-son ;

  • le jeu vidéo du héros, je le veux ;

  • on n'a pas à se taper le faciès porcin d'allumeuse de Scarlett Johansson. Ouuuuuh, la jalooooouuuuse, je vous entends d'ici. Non, sérieusement les mecs, il n'y a que 2 (enfin 3) choses que je lui envie à la Scarlett : sa poitrine et son compte bancaire. Parce que laissez-moi me teindre en blonde, donnez-moi un maquilleur et un photographe professionnels, une garde robe hors de prix, une pincée de Photoshop, une bonne dose de confiance en moi, et je suis aussi bonne qu'elle. Et puis, si vous cherchez des belles actrices blondes avec de vrais jolis visages, visez plutôt January Jones (la Betty de Mad Men) ou la blonde qui joue dans Chuck. Elle a un nom imprononçable mais pour elle, je serais prête à remettre en question ma sexualité, même pour un bref instant. Bon, il me faudrait 2-3 verres de vodka avant, hein.


Du saphisme pour conclure cette critique, quoi de mieux ?


Non, j'ai mieux, Her, c'est un film sur lui.

LeslieLou
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le 17 avr. 2015

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LeslieLou

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