Her par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Par un bond de quelques années nous voici projetés à Los AngelesTheodore, un homme sensible et solitaire, exerce la profession d'écrivain public. Il rédige de fausses missives destinées à d'autres personnes. Malgré ses occupations, il ne se remet pas de sa rupture avec son épouse, ce qui lui provoque un état obsessionnel le conduisant à la dépression nerveuse. C'est alors qu'il va faire la connaissance d'une bien curieuse jeune femme virtuelle et très intuitive suite à l'installation d'un programme sophistiqué sur son ordinateur. Il la baptise du doux prénom de Samantha. Celle-ci, dotée d'une intelligence artificielle qui évolue sans cesse, va, par l'intermédiaire de son téléphone à oreillette, s'installer dans sa vie. Une passion bienfaitrice et amoureuse se noue alors entre eux. Cette aventure peu banale peut-elle être sans faille et durable?


Voici donc un sujet très intéressant et original qui nous est ici soumis. Peut-on s'éprendre d'une voix aussi charnelle soit-elle ? Pourquoi pas! Le "téléphone rose" répond d'une certaine manière à la question. Toutefois, l'évolution aidant, imaginons que cette même voix évolue en collant au comportement de l'être humain, à ses pensées, trouvant des solutions en devinant même ses soucis, ses angoisses, ses joies et ses divers instincts. Serait-ce une solution pour Theodore et d'autres pour trouver une stabilité même si ce procédé n'est qu'artificiel? Effectivement, Samantha est là, toujours là pour distiller des mots simples, des mots de tendresses, pour satisfaire les désirs de son interlocuteur par ses phrases simulant les rapports sexuels mais également pour donner des conseils. La voix a son caractère, elle peut être enjouée, jalouse, curieuses ou intriguée. A travers cette simple oreillette se passe un rapport fusionnel. Mais il faut bien avouer que tout cela n'est que de l'électronique avec parfois les bogues et les caprices inhérents au système.


Alors, au delà du fait que Theodore et Samantha ne pourront construire une famille compte tenu de cette passion artificielle, Theodore est à la merci d'une rupture. Et elle ne pourrait être que définitive car on ne négocie pas avec un logiciel,on ne peut que subir ses caprices.


Le réalisateur américain Spike Jonze nous dépeint de très belle manière l'une d'une probable situation dans un futur déshumanisé et envahi alors par de multiples possibilités techniques. Les facilités qui en découleront ne seront que des palliatifs provoquant une accoutumance aussi catastrophique pour certains qu'une drogue infligée régulièrement. Nul ne peut se satisfaire d'un amour fou vécu de cette manière car l'incertitude finit par envahir l'être pris dans cette toile, à l'image de Theodore remarquablement interprété par Joaquin Phoenix touché en plein cœur, et pourquoi pas, par cette voix ravissante émise par Scarlett Johansson.


Cette œuvre est donc passionnante par les questions qu'elle pose sur la "relation artificielle". Serait-elle nocive ou bienfaitrice dans certaines situations ? C'est la question que nous pose à travers cette histoire Spike Jonze. Toutefois dans la situation présente et magnifiquement relatée, j'ai un avis réservé.

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le 7 févr. 2016

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