Dans un futur proche, à Los Angeles, Theodore travaille pour un site web comme écrivain public, rédigeant des lettres manuscrites de toutes sortes (familiales, amoureuses, etc.) pour d'autres. Son épouse Catherine et lui ont rompu depuis bientôt un an mais il ne se décide pas à signer les papiers du divorce. Dans un état de dépression qui perdure, il installe un nouveau système d'exploitation, nommé OS1, auquel il donne une voix féminine. Cette dernière, une intelligence artificielle conçue pour s'adapter et évoluer, se choisit le prénom Samantha. Ils entament une relation amicale, qui peu à peu se mue en réelle affection...
Pour être clair et précis, je ne connaissais de Spike Jonze avant de voir ce film que deux choses : lui et Sofia Coppola ayant été ensemble, elle s'était en partie inspirée de cette relation pour son excellent film Lost in Translation ; et le très bon Dans la peau de John Malkovich. J'ai donc visionné Her vierge de tout à priori, me fiant uniquement au synopsis peu banal.
Sujet pas banal, oui... voire difficile. Pourtant, à la fois scénariste et réalisateur, Jonze signe avec Her un genre particulier, mélange de comédie dramatique et de science-fiction. Le résultat est plus touchant que malsain, et le tour de force vient du fait que l'écriture arrive à véhiculer un concentré de chaleur humaine franche appuyé par une distribution quasi irréprochable ; Joaquin Phoenix en tête mais aussi et surtout Scarlett Johansson (Audrey Fleurot en VF) qui rien que par sa voix si particulière matérialise devant nos yeux un personnage certes invisible mais non dénué de réflexions, à la fois attachant et intriguant. Jolie performance !
(Ayant vu le film en VOST puis en VF, Audrey Fleurot n'a pas trop abimé ce "jeu" d'actrice, alors qu'elle n'est à la base pas doubleuse mais comédienne. Quand c'est bien, il faut le dire.)
Chaleur humaine qui est distillée avec intelligence, mais sans jamais se prendre trop au sérieux comme en témoignent des moments d'humour sympathiques et toujours subtils ; au rythme d'un scénario dépourvu de la moindre longueur. C'est d'ailleurs drôle de retrouver (pour ma part) certaines sensations déjà éprouvées lors du visionnage de Lost in Translation. Musiques lentes et relaxantes (le groupe Arcade Fire assure la BO avec maestria), mélancolie jamais niaiseuse, introspection des personnages dans leurs actions, humour qui donne au spectateur une brève mais bonne bouffée d'air avant de replonger dans l'intrigue... Comme de la poésie sur pellicule. Bien peu de réalisateurs en sont vraiment capables.
Certes l'intrigue se passe dans le futur, pourtant les images des habitants du Los Angeles de 2025 déambulant dans les rues les yeux, les oreilles et l'attention vissés à leur mobile et faisant fi de leurs semblables autour d'eux, le flou du contrechamp simulant presque des "bulles" pour chacun, ne sont pas si éloignées de notre propre réalité.
L'isolement, la dépression consécutive à une rupture, les nouvelles technologies, notre dépendance croissante à ces dernières ; Spike Jonze aborde des thèmes sérieux, pour en dresser une comédie dramatique plus que décente... avec une morale dure mais pourtant chargée de bon sens.
Tout à la fois sincère et déchirant, Her est une histoire avant tout agréable, car humaine.