Mettons les choses au clair : dire que ce film viole la mythologie et le mythe d'Hercule est un doux euphémisme, à ce stade, on peut même parler de tournante. Zeus, mari volage est devenu un bon patriarche un peu concon, Héra, l'épouse cocufiée et jalouse une transparente incarnation de la mère aimante, Hercule un benêt sympathique, incarnation du capitaine de l'équipe de foot de la fac, musculeux mais limité. J'ai detesté ce film pendant longtemps pour ça, malgré l'irrésistible Hadès (au passage, lui aussi n'a rien à voir avec son modèle hellenique, dieu austère mais relativement "sage" comparé à ses frères).
Et puis j'ai pris ce dessin animé pour ce qu'il est : un délire, un film à prendre au second degré, qui ne se prend pas au sérieux et s'auto-caricature avec bonne humeur. C'est coloré, c'est kitsch et c'est tellement "too much" que ça n'est en aucun cas sérieux. La "princesse" est une garce castratrice, le héros est d'une bêtise qui ne peut que faire sourire, le méchant est la figure la plus charismatique de toute cette équipe hollywoodienne au possible. La chanson "De zero en héros" ne laisse d'ailleurs pas beaucoup de doute en pastichant une société américaine prompte à ériger ceux qu'elle huait encore la veille et pour qui tout se vend (produits dérivés, publicité...).
Visuellement c'est laid (du moins les couleurs piquent les yeux) mais animé avec peps dans un mauvais goût assumé. Les chansons sont à l'avenant, pêchue et pour la plupart plus fun qu'autre chose (à ce titre, l'habituelle "chanson d'amour" est un joli pied de nez). Bref, Hercule c'est un massacre à la disney, qui se moque de Disney. Il faut le voir comme ce qu'il est : un film délirant vaguement mâtiné de Grèce antique reprenant les habituels poncifs de Diable contre Dieu. Et le fait que le Diable soit éminament plus sympathique est en soi une bonne surprise, venant de Disney. Hadès est un des meilleurs méchants que les studios nous aient pondu, Megara casse - et il était temps - cette image de princesse en détresse pure et irréprochable alors ne boudons pas notre plaisir, même si le puriste mettra sans doute quelques visionnages à ne plus grincer des dents (ce fut mon cas).