HIGH LIFE (15) (Claire Denis, FRA, 2018, 110min) :


Claire Denis « la petite fille du Cameroun » vous invite à embarquer à bord de son ovni cinématographique, vers un voyage interstellaire, qui va vous procurer des hauts et des débats...


Après les premières réactions parvenues il y a plus d'un mois du Festival de Toronto 2018, l'attente du nouveau film de Claire Denis High Life a défié les lois de la gravité dans le Hangar du Premier-film où il a été présenté en avant-première au Festival Lumière 2018. Il faut dire que chaque film de la réalisatrice suscite constamment attente et appréhension, tant son cinéma divise en explorant dans tous les genres l'exaltation des sens et la psychologie des comportements humains. Amis terriens, ce projet en forme de space-trip philosophique et sociologique, va de nouveau exalter vos neurones et introduire en vous moult réflexions, tant l'expérience est surprenante.


Le synopsis reste de la pure science-fiction : un groupe de criminels condamnés par la justice accepte de participer à une mission spatiale gouvernementale au-delà du système solaire, ayant pour objectif de trouver des nouvelles sources d'énergie alternatives aux abords du trou noir le plus proche de la terre. Mais la réalisatrice remodèle le genre, sa mise en scène épurée, voire minimaliste, offre des séquences visuelles ébouriffantes et alternatives, avec des plans qui mêlent en même temps la mort et la vie, parsemés de fluides corporels. L'auteur convoque par ses décors et ses questionnements métaphysiques : Silent Running (1972) de Douglas Trumbull, Solaris (1972) et Stalker (1979) de Andreï Tarkovski notamment. Mais la singulière réalisatrice n'oublie jamais sa propre créativité, pour interroger les effets de la science et des technologies sur les comportements humains et sur l'univers, par le biais d'un sombre récit viscéral organique où le désir et la sexualité sont prégnants. L'auteur nous livre ainsi une pessimiste fable contemplative sur l'avenir de l'humanité, sous la forme d'une ambitieuse odyssée sensitive et sensorielle, dont le mysticisme vient envelopper ces condamnés à mort.


La narration constamment en apesanteur, de nature elliptique et au sens chronologique parfois déroutant, peut fasciner ou néanmoins perdre un peu le spectateur dans un abysse d'ennui selon ses aspirations personnelles. À vous de venir juger cette audacieuse œuvre tendre et cruelle, qui repose avec pertinence sur l'interprétation surprenante de Juliette Binoche et l'incarnation énigmatique d'un épatant Robert Pattinson.
High Life, du beau travail...

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le 22 oct. 2018

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