High Life a beau être glauque, claustro... il fait du bien. Qu’il est plaisant de voir que le cinéma français a des couilles (expression bien peu adéquate, j'en conviens) !


Claire Denis surprend avec un film français lorgnant vers le genre le plus ambitieux du cinéma. Évidemment l’espace et le vaisseau ne sont que des prétextes pour mieux sonder les tréfonds de l’âme humaine et c’est filmé comme un film d’auteur français (plans statiques, à hauteur d'Homme, laissant place à l’impro..). Mais c’est finalement ce qui donne toute son originalité à la forme du film.


L’ambiance crasseuse de High Life n’est pas sans rappeler Alien 3, sauf que Claire Denis n’en a que faire des lois de la physique, les écoutilles des vaisseaux s’ouvrent avec un simple couteau, les combinaisons spatiales semblent aussi efficaces qu’un parapluie face à un tsunami...
Côté décor ça sent aussi le bricolage avec ce qui traînait dans la cave de mamie, mais tous ces éléments contribuent à renforcer l'aspect miséreux de l'environnement dans lequel évoluent ces parias.
On ne comprend pas bien pourquoi il y a des flashs forwards, même si d’accord, la notion du temps qui passe doit sévèrement être mise à mal dans ce genre de contexte. Je pense que cela tient plus de l'effet gratuit qui a été décidé au montage que d'un véritable parti-pris narratif.


Car concernant le fond, Claire a plutôt fait dans le bourrin. On aborde donc la question : quel est le dessein d'une espèce humaine qui court à sa perte ? Et bien... rien de très étonnant, elle s'auto-détruit encore plus vite (ici elle s'adonne à toutes sortes de vices : viol, meurtres, drogues et autres réjouissances). Le positionnement vis-à-vis de la science est plutôt ambivalent en revanche car le personnage de Juliette Binoche est le plus dingue mais c'est lui qui apportera une lueur d'espoir dans ce bordel : l'enfant.


Un adjectif suffira pour décrire chaque personnage errant dans le vaisseau (à part celui de Juliette Binoche justement), les protagonistes n’évoluent pas et c’est sûrement le plus problématique pour un film qui aborde la nature humaine. Heureusement Pattinson est touchant, depuis Good Time et Lost City of Z, je commence à le trouver réellement talentueux.


Il faut tout de suite arrêter de comparer High Life à du Kubrick ou du Tarkovski mais c’est un objet filmique assez unique et satisfaisant malgré ses évidents trous noirs.

hotshort
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le 8 nov. 2018

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