House and Freedom
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le 5 nov. 2020
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Pour son premier film, Remi Weekes, dont on ne connait pas grand chose, rejoint la liste de plus en plus étoffée de jeunes cinéastes à suivre dont le regard sur la politique et la société arrivent à pénétrer un genre et, finalement, lui donner encore plus d'intérêt. Ce qui n'était par exemple pas spécialement le cas du dernier film d'horreur à la mode de Netflix, le bébête Kadaver, qui n'avait rien à raconter.
En partant d'un postulat de départ très contemporain, à savoir un couple obligé de fuir le Soudan pour tenter de se reconstruire en périphérie de Londres, le cinéaste jouera la carte de l'épouvante pour montrer combien ce n'est pas forcément mieux ailleurs, surtout au vu des conditions précaires déprimantes proposées aux migrants en attente d'asile, et que fuir ses démons n'est pas non plus chose aisée même à plusieurs milliers de kilomètres de là. A travers de nombreuses visions nocturnes cauchemardesques, Remi Weekes démontre combien sa maîtrise du montage et de l'espace répond aux standards de qualité du film d'épouvante à huis clos. Si rien n'est ici vraiment nouveau, les séquences de peur sont parfaitement torchées (à la flame, même) et le sound design fait de chuchotements, murmures et bruits de fond développe une atmosphère mystique.
Non sans rappeler par moment le cinéma de John Carpenter par sa mise en scène allant crescendo dans l'épouvante et ses personnages étranges qu'on croirait sortis de L'Antre de la folie (la perte de repères de Rial à la recherche du cabinet médical, les femmes au regard fixe lors d'un rêve), avec juste ce qu'il faut de clins d'oeil à Get Out pour attirer davantage l'attention, le cinéaste exprime sa vision d'un Monde qui vacille (jusqu'à un "I can't breath" pas si anodin que cela et forcément d'actualité) et la quête de rédemption d'un couple dans une société étrangère qui ne fait rien pour les intégrer. Pire, elle les désintègre, à l'image de ces murs de placo détruits, perforés de part en part pour en extraire la malédiction et les réponses aux visions de cauchemar.
His House est une jolie surprise. Le brio de sa mise en scène, sa réelle économie de moyens et ses visions terrifiantes dépeintes à l'écran ou dans le creux d'un mur font mine d'une efficacité redoutable là où beaucoup ont échoué, faute d'un regard de cinéaste suffisamment imprimé à l'écran. Prometteur et visiblement intelligent et concerné, Remi Weekes sort de nulle part et donne le ton pour le genre horrifique à venir. Même si sa conclusion laisse un drôle de goût de boss de fin battu sans difficulté, ratant de peu le coche de film vraiment mémorable, voilà un divertissement carré, précis et suffisamment bien écrit pour que l'on suive ce jeune cinéaste avec intérêt.
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le 4 nov. 2020
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