Hitcher
7.2
Hitcher

Film de Robert Harmon (1986)

«Hitcher» est à (Re) découvrir pour une réussite du genre des années 80 qui n’aura pas tant vieilli dans l’efficacité mais qui laisse apparaître quelques facilités. Un thriller horrifique déjanté qui mêle l’action et le survival et qui nous rappelle les grands moments du genre. «Duel» de Spielberg notamment où le cinéma ne s’embarrassait pas avec des introductions longues et sans intérêt et nous plongent dans l’intrigue dès les premières minutes.


Sans surprise au niveau du scénario, un pitch basé sur les auto-stoppeurs meurtriers, "Hitcher" table sur son ambiance dérangeante, sans effet accessoire et sur la qualité de ses jeux d’acteurs.


John Ryder, un psychopathe sadique croisera la route de Jim Halsey qui le prendra en stop pour le meilleur ou pour le pire (?). Rutger Hauer est impeccable et prend toute la place malgré les deux jeunes acteurs performants. Son regard et ses sourires inquiétants retranscrivent tout le malaise de la situation. Une des premières scènes où il sera pris en stop par une famille, assis à l’arrière aux côtés de jeunes enfants, narguant Jim, ne permet aucun doute sur la direction à venir.


Un road movie sans échappatoire avec en filigrane la question de réalité. Qui est John Ryder et existe-il vraiment ? Fantasme ou vue de l’esprit ? Un parcours initiatique ? Une crise paranoïaque ?
Car personne à part le jeune homme ne semble le voir... Toujours là et toujours au bon endroit et pourtant qui disparaîtra tout aussi vite, comme à l’image de cette scène sous la pluie où le tueur ne semble être qu’un image fantomatique en réponse à l’isolement de Jim.
Ryder, invisible et inconnu des services de police, Jim sera accusé des meurtres perpétrés et poursuivi, il devra sauver Nash, une jeune serveuse rencontré au hasard de sa route et fuir un tueur qui semble s’être pris d’affection pour sa proie, mais qui semble aussi s’amuser pour mieux lui infliger ses actes, l’acculer et l’amener à sa propre violence et ainsi à se surpasser (?).
Une torture psychologique qui ne cessera qu’à la vengeance finale de ce jeune homme confronté à l’horreur et devenu finalement ce justicier vengeur, sortant définitivement de son adolescence.


Utilisant pour décors les espaces désolés du sud des Etats-Unis, bars et station service désertés, scènes pluvieuses et de nuit pour un huis-clos grandiose, une belle photographie de John Seale ("Le patient anglais", "Mosquito coast") qui sert à merveille le cinémascope et la musique de Mark Isham qui vient compléter tous ces talents.
Des scènes violentes même si celles-ci sont pour la plupart suggérées par l’utilisation du hors-champ créent parfaitement l’ambiance anxiogène.


Même si l’on peut mieux se rendre compte de quelques facilités notamment le rôle de faire-valoir de J.Jason Leigh et de sa relation avec C.Thomas Howell, l’intrigue se fait efficace et décomplexée. Le metteur en scène apporte du dynamisme avec des courses poursuites effrénées, et le suspense reste prenant. L’attrait du film se situe aussi dans ces deux personnages, l’évolution de l’un où l’on suit ses émotions, sa répulsion/fascination et le côté statique et inébranlable de l’autre pour une résolution dramatique, où la scène «des camions» conforte l’ambition du metteur en scène.


Le talent de Harmon s’arrêtera là avec par la suite la tentative de films d’action ratés. C.Thomas Howell n’aura pas non plus de rôle marquant, pourtant remarqué dans "E.T" et "Outsiders" de Coppola et Rutger Hauer aura du mal à se sortir des propositions bancales. Pourtant ici comme dans "Blade Runner" ou "Lady Hawk", il fait preuve d'une présence et d'une performance qui valent le détour. Jennifer Jason Leigh alors à ses débuts, sera la seule à faire son chemin même si il s’agit souvent de seconds rôles. Elle tourna un an avant «La chair et le sang» avec Rutger Hauer, pour cet autre petit bijou cinématographique de Verhoeven.


Le film obtiendra le Grand prix du jury,du Festival du film policier de Cognac en 1986.

limma
8
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le 9 mai 2017

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