Hocus Pocus : Les Trois sorcières par Wykydtron IV

Un jour en école primaire, on nous avait collés devant Hocus pocus. Peut-être pour passer le temps, tandis que, un à un, nous passions à l'infirmerie, pour je ne sais plus quelle raison. C'est ce qui m'a fait rater un passage du film d'ailleurs, mais surtout, on ne nous en a jamais laissé voir la fin !
J'avais apprécié le film jusque là, surtout que tout jeune déjà, j'avais un intérêt pour les fantômes, sorcières et vampires. Arrêter le film en cours, voilà de quoi traumatiser un enfant ! La preuve : pendant des années après cela, je regardais le programme télé, et à chaque fois que je voyais qu'Hocus pocus passait sur une chaîne du câble, je regrettais qu'on ne la reçoive pas sur notre poste.
J'ai maintenant 22 ans, et bien que je me doutais que je risquais de trouver le film pourri, j'ai voulu honorer le souhait du gamin que j'étais en voyant enfin Hocus pocus en entier.

Je savais que parmi les sorcières, il y avait Bette Midler et Sarah Jessica Parker, mais j’ai eu la surprise de découvrir que le casting comprend aussi Omri Katz (de la série "Marshall et Simon") et Thora Birch. Le réalisateur est celui des trois High school musical, tandis que le producteur est celui de toute la saga des Chucky, et on a Mick Garris (Critters 2, Masters of horror) en co-producteur exécutif ! Et tous deux sont scénaristes sur le film ! Drôle de mélange.
Hocus pocus débute à Salem, il y a 300 ans. On découvre les trois sorcières, qui sont vraiment laides, mais pas laides façon film d’horreur ; leur maquillage est grotesque et caricatural, et c’est en cela que c’est moche.
Les trois actrices cabotinent à mort, et Sarah Jessica Parker a adopté une voix nasillarde. Et pourtant, je vous assure, on peut faire des films pour enfants sans tomber dans de tels excès.
Après la première séquence, l’histoire se poursuit de nos jours, toujours à Salem. Le héros joué par Omri Katz est un ado Californien qui vient d’emménager dans le coin, et bizarrement, il semble être le seul dans sa classe à être sceptique face aux histoires de sorcières que leur raconte leur prof. Quand une autre étudiante lui apprend qu’Halloween vient de la fête de "all hallow’s eve", tous les élèves l’acclament, comme s’ils étaient ultra fiers de leur "patrimoine". On leur a lavé le cerveau ou quoi ? Ce n’est pas parce qu’ils habitent à Salem que tous ces jeunes vont forcément croire à ces sottises !
Juste après cet échange, on a droit à l’une des techniques de drague parmi les plus nulles que j’ai vues au cinéma : le héros se lève, alors que le cours a encore lieu, va voir la fille, et lui tend un papier en disant "in case Jimi Hendrix shows up tonight, here’s my number". Quoi ?! Et puis, quel rapport avec Hendrix ?
Les scénaristes offrent une vision assez étrange des adolescents. J’ai l’impression qu’ils s’adaptent en fonction de leur public, à savoir les jeunes enfants. On rencontre peu après des personnages de voyous complètement ridicules. Ils ne connaissent pas Los Angeles, mais quand on dit "L.A.", ça leur parle. L’un d’eux utilise le terme "tubular" comme une sorte d’alternative pour dire "cool" ; on dirait une tentative de faire du sous-Bill & Ted.
Le duo est plus risible que menaçant, et pourtant ils parviennent à voler les chaussures du héros, en lui mettant la pression ; pression qui, pour le spectateur, ne se ressent pas du tout.
On recroise ces insupportables couillons plusieurs fois par la suite, et à chaque fois le héros se dégonfle face à eux. Sa petite sœur jouée par Thora Birch se montre beaucoup plus courageuse ; l’actrice avait 11 ans à l’époque mais paraît bien plus jeune, ce qui donne l’impression avec ses dialogues que le personnage est trop intelligent pour son âge. Malgré le talent de la jeune actrice, on peut parler d’erreur de casting.
Ce n’est pas non plus la seule fois que le scénario manque de logique : pourquoi le garçon transformé en chat, alors qu’il s’avère qu’il est capable de parler, n’a rien dit quand ses parents le cherchaient ? Et alors qu’au début du film, on exploite à des fins comiques l’incompréhension des sorcières face au monde moderne, soudainement à la fin, probablement car ça arrange les scénaristes, elles ont acquis assez de connaissances en une nuit pour faire des blagues sur des éléments contemporains.

Il y a quelques gags infantiles mais plutôt bien trouvés (la sorcière qui rote en aspirant le lifeforce d’un enfant ; le trio consterné par ce qu’est devenu Halloween, …), bien que pour la plupart, les gags sont lourds et/ou peu inspirés.
Le film se montre longuet, et par moments embarrassant. Je pense notamment à ce spectacle musical, à la fin duquel les sorcières obligent les gens à danser jusqu’à la mort.
La fin quant à elle est d’une niaiserie presque douloureuse.
J’ai été un peu plus surpris, agréablement, par des éléments comme le bouquin ressemblant au Necronomicon, avec sa relire en peau humaine grossièrement cousue et son œil encore vivant. Dans mes souvenirs, je croyais qu’il y avait une scène où quelqu’un se fait coudre la bouche (sans qu’on le voie non plus), mais en fait les personnages ne font qu’en parler. Le type à la bouche cousu revient tout de même en zombie, et se fait arracher la tête et couper des doigts.
Enfin au final ce n’est pas grand-chose, l’horreur dont sont capables Mick Garris et David Kirschner est contenue. On voit un skate Hellraiser en arrière-plan, on cite Boris Karloff, mais c’est tout.

Hocus pocus semble avoir quand même un petit statut de film culte parmi les gens qui ont dû le voir enfants, comme moi. L’an dernier il y avait une réunion des acteurs dans un des parcs Disney, ce qui nous permet d’avoir quelques photos d’Omri Katz maintenant, lui qui a arrêté sa carrière d’acteur depuis 2002.
Fry3000
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le 20 avr. 2014

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Wykydtron IV

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