Holmes & Watson
4.3
Holmes & Watson

Film de Etan Cohen (2018)

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Raté à 95%... mais les 5% restants sont débilement très drôles

Ah là là, qu'il semble loin le temps où un film avec Will Ferrell était la promesse d'un summum de la comédie génialement débile ! Finie donc l'époque des "Ron Burgundy", "Les Rois du Patin" ou autre "Ricky Bobby, roi du circuit", les pics d'hilarité du géant frisé ont laissé place à des longs-métrages encore suffisamment sympathiques pour déclencher pas mal de rires mais qui ne peuvent de toute évidence plus rivaliser avec les sommets de sa carrière (on pense au premier "Very Bad Dads", "Get Hard" ou encore le un peu plus réussi "The House"). Cependant, très récemment, sa filmographie semble avoir encore passé un cap dans la mauvaise direction avec un lamentable "Very Bad Dads 2" et ce "Holmes & Watson" conspué à la fois par la critique et le public américains, l'ayant carrément amené à recevoir une fournée de Razzie Awards en 2019. Même si notre sympathie pour cet acteur est toujours restée intacte malgré des temps de plus en plus difficiles et que le bonheur de le voir reformer son fameux duo avec John C. Reilly est bel et bien là, la triste réputation qui colle à ce "Holmes & Watson" nous faisait frémir à l'idée de le découvrir...


Bon, ne tournons pas autour de pot, "Holmes & Watson" est une comédie ratée à 95%. On aura rarement vu Will Ferrell (et le pauvre John C. Reilly entraîné lui aussi dans cette galère) se démener autant pour une série de gags aussi lourdingues que faciles. Car c'est peut-être là le plus gros problème du film, de n'être qu'un enchaînement de gags où le duo de comédiens paraît constamment en roue libre sur la maigreur des situations comiques qu'on leur propose. Même s'il a déjà collaboré avec Ferrell sur "Get Hard" , Etan Cohen n'a clairement pas le talent d'un Adam Mckay pour maîtriser les deux monstres comiques devant sa caméra et semble les avoir laissé improviser sans aucun garde-fou la plupart du temps. Les bonus des DVD des plus grands hits de McKay/Ferrell nous montre bien un travail de peaufinage assez dense pour dégoter la réplique la plus drôle qui sera gardée au montage final. Ici, dur d'imaginer qu'il ait eu lieu tant on a l'impression de découvrir les premiers rushs de chaque scène où les comédiens s'essayent encore à trouver ce qui fonctionnera le mieux.
À vrai dire, "Holmes & Watson" donne réellement le sentiment d'avoir été conçu à la va-vite vu la pauvreté de la réalisation, un montage précipité ou encore une intrigue des plus simplistes. Ce ne sont pas forcément les choses que l'on regarde en premier dans un film avec Will Ferrell, on vous l'accorde, seulement, quand l'humour ne fonctionne pas en très grande majorité, il faut bien se raccrocher à certaines branches et, ici, difficile de vraiment se passionner pour une énième variante dominé/dominant du duo Reilly/Ferrell ou ce qui se cache derrière le défi criminel de Moriarty (le film tentera tout de même un twist pour faire un minimum honneur à l'oeuvre d'Arthur Conan Doyle mais, là encore, ça n'aura pas vraiment d'intérêt).
Il y a aussi ce problème de gags qui se répètent bien trop souvent (au bout de la 25ème vanne sur la banalité de la drogue à l'époque, les soupirs remplacent les sourires), les guest-stars finalement très inutiles (pauvre Hugh Laurie surtout) et un tempo comique pas des plus habiles qui aboutit sur des gags, déjà mauvais en soi, s'étirant bien plus que de raison (la scène de la reine chez Holmes est un supplice en ce sens par exemple)...


Bref, vous l'aurez compris, on a affaire à une oeuvre qui fera probablement tâche dans le filmographie de Will Ferrell et de tous ses autres participants... Mais il reste 5% du film dont on n'a pas encore parlé. Et cette infime partie réussie contient à peu près tout ce pourquoi on aime les films de Will Ferrell : des pics de débilité géniale ! Certes, il ne sont pas nombreux mais la dizaine de gros fous rires qu'ils provoquent durant le visionnage sont d'une telle qualité qu'ils surpassent bon nombre de comédies lambdas tentant vainement de nous arracher un sourire. Vu leur rareté, on ne les citera pas tous mais la première discussion fabuleuse sur la médecine avec Rebecca Hall et son assistante, une autopsie en mode "Ghost", les détournements visuels du "Sherlock Holmes" de Guy Ritchie, des enfants complètement frappés, une partie de balle sous cocaïne, un passage chanté ou un dernier acte dans un lieu plus qu'inattendu font partie des meilleurs moments de ce "Holmes & Watson" et qui, à coup sûr, raviront vos zygomatiques si vous êtes un amateur comme nous des absurdités de ce duo de comédiens.


Cela reste évidemment très peu vu la profusion de gags ratés qui entoure ces instants réussis mais, dans un sens, s'il est un plus mauvais film, "Holmes & Watson" est par exemple une meilleure comédie que "Very Bad Dads 2" qui, lui, patinait totalement pour provoquer un ou deux sourires. C'est une maigre consolation, certes, surtout quand on a pleuré de rire en continu devant les plus grands succès de Will Ferrell (il faut se faire une raison, cette période se trouve désormais derrière nous) mais on aura au moins ri quelques fois devant les aventures de "Holmes & Watson". Et ce n'etait pas gagné d'avance.

RedArrow
4
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le 12 mars 2019

Critique lue 830 fois

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RedArrow

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