Alors 5 parce que j'hésite entre 10 et 1, voilà, donc je tranche la poire en deux. Et de ce fait et bien je fais faire, quand même, deux critiques bien distinctes car à tout film exceptionnel, pas nécessairement dans le sens génial, recours exceptionnel, comme un "convoi exceptionnel" si on veut. Partage de la critique en deux comme ça au moins je ferais deux critiques en fonction des deux sentiments que j'ai senti et aux deux explication que j'en donne, en fait une critique salement manichéenne.
Abîme de Mr Merde, on se torche le cul avec le cinéma et on perpétue le foutage de gueule dans une apologie béante et débile: 1
Voilà le premier point de vue. En gros je passais de "ah 10! ah non 1" ben en fait j'ai pas mis de notes intermédiaires. En fait ce qui me donne envie de mettre 1, c'est en quelque sorte cette impression sur la continuité du film qu'on se fout bien de ma gueule. "Hé salut c'est Léos Carax! Je fais un film qui dit des conneries, montre des conneries, tout en faisant de la poésie, comme ça les pignoufs qui critique vont bien aimer". OK. Bon ben moi je vais pas tomber dedans, ce sera pour la primauté de ma notation un 1. Définitivement, le 10 sera quand même pour avouer une certaines qualité.
Donc 1 parce que l'histoire, s'il y en a une, est un peu facile, je pense qu'on a pris des thèmes qu'on a essayé de faire du corrosif avec des clichés, des préjugés de socialo pédant, un peu de ramassis métaphysique sans justification. Bon d'accord on demande pas de perpétuelle justification, mais bon des fois faut arrêter de se moquer de nous. On assiste là par instant à une projection où le monde est visé par le dédain ségrégationaire d'une petite élite pourrie par la "pensée juste" dans le style, trop fin, tu peux pas comprendre. Ben écoutez comprenez entre vous on vous en tiendra pas rigueur. Il y a très nettement la recherche d'un public, réceptif à cette ambiance sordide, morose, érotisante, flouée et cloutée, une sorte de volonté qui pousse à une réflexion métaphysique de bazar. Cette recherche de public n'est en soi pas gênante mais on comprend bien que ces thèmes sont de manière générale assez superficiels. Parce que oui réfléchir sur la vie quand on a que ça à foutre et qu'on y est pas réellement impliqué, car enfermé dans un pessimisme ou dans un regard poétique cru, on ne peut se dire détenteur d'un savoir de masse unitaire. Non vous ne détenez pas le savoir sur l'essence de la vie, et nous présenter des instants insignifiant avec poésie ne fera pas de vous un auteur de la vie.
Cet aspect de, "je fais un film d'auteur poétique donc je fais ce que je veux on va m'aduler" est très agaçant est on le ressent tout le film. Le type est sur de lui, il présente des choses, enfin si un mec se pointe et fait ça on le lynche. Alors on me dit oui mais il est connu, il a une filmographie reconnue. Oui enfin bon euh faut pas déconner, c'est pas parce que le mec fait un film tous les 20 ans que c'est génial. Faut se calmer.
Pour le 1 c'est parce que ce film me semble être une sale arnaque, entre la lecture philosophique de la vie et la reconnaissance sociale, qu'"ils" connaissent, pour représenter, nous voilà dans un engrenage de la critique de la société asservie par la pensée du jour, la poésie de la nuit. Et la pensée transcendée par la bêtise bien pensante. J'abhorre ce système.
Ode à la vie, idée délurée et poésie fanatique transcendée par des lueurs de véracité: 10
Donc ce qui me donne envie de donner 10, c'est le langage, oui comment Carax nous parle, avec le coeur. Les images sont d'une rare beauté et la maîtrise est juste parfaite. Un ensemble somptueux, qui n'a rien à envier à qui que ce soit. Le rendu filmique en soit est quasi parfait. Au niveau des cadrages, des couleurs, des rapports de force entre les personnages. Le montage et la fluidité des images transcende réellement le propos du film, qui d'ailleurs n'existe pas vraiment. Le film n'est pas en soi une bizarrerie, mais une expression fantasque, fantasmagorique de la vie. Oui des instants de vies, qui portent des valeurs morales, que Carax ne reconnait sans doute pas, sa façon de mettre en situation son histoire le révèle bien, filmer proprement le sale, le quotidien, le répétitif, le barbant. Il est là pour faire le sale boulot. On ne peut laisser quelqu'un vivre certains instants à notre place et la vanité d'Oscar doit nous pousser à faire sans lui. Le cinéma parle et nous murmure, mais il nous éclate tout aussi bien à la figure.
Petite mention pour l'ensemble des acteurs qui, je le reconnais son géniaux. Honnêtement Denis Lavant c'est masterclass, c'est très fort, très costaud, si il n'est pas là c'est pas le même film, voir il n'y a pas de film. Denis Lavant est le film, à belles images, grand acteur. Hommage.
Pour tenter un résumé, c'est un film qui me laisse dans une position assez inconfortable. Le dilemme, un très beau et bon film, mais avec un fond qui fait comprendre la pédanterie avec laquelle le sujet est traité. Un goût amer qui enlève logiquement un charme à ce film. La touche très sobre, belle, éclairée de la réalisation perd de son charme, qui serai si beau en étant innocent, un sujet et une prétention du sujet qui est frustrante. Mais en somme tout de même un film très fluide et magnifique, oui tout de même. À chacun de le prendre comme il faut. Je pourrais m'étendre dessus, mais le film parle de lui même. Ne soyez pas rebutés, ouvrez vous et sentez le, c'est comme la vie de tous les jours, on a des moments magnifiques, d'autres trempés de l'immondice.