Que l'on soit bien clairs, le cinéma est mort et Léos Carrax le rabâche tout au long des sketchs qui font vivre, justement, ce Holy Motors. On part donc sur un postulat d'une prétention sans nom puisque le cinéaste en est le sauveur.

Le découpage et la mise en scène créent une forme d'accomplissement esthétique New Age, sorte de rencontre improbable entre la Nouvelle Vague française, le film de bobos, le sommet de toute bonne carcasse du cinéma français (Resnais, Godard...) et le cinéma d'auteur taïwanais dans ce qu'il a, parfois, de plus cliché (Tsaï Ming Liang des mauvais jours). Des âmes errantes, le film en regorge. Des vignettes inanimées, mortes (puisque le cinéma est mort, donc), de rares sursauts esthétiques éblouissants (la scène des capteurs, du tapis roulant) confinent néanmoins à un espèce de naufrage narratif qui semble satisfaire son metteur en scène et toutes les bonnes presses sur le cinéma.

On voit déjà les débats, tables-rondes, et autres masterclass centrés sur qu'est-ce que le cinéma, où va t-il? Qu'est-ce que la construction, déconstruction, reconstruction? Les personnages tous incarnés par un seul homme (vite, un César, un!), métaphore sur le cinéma à lui tout seul. Et le regard du spectateur, la magie de manipulation narrative, des sens. On en salive d'avance.

Tout pour nous faire oublier, en quelques sortes, que derrière pareilles manipulations, Holy Motors est d'une prétention et d'un ennui qui, eux, sont bien vivants.
XavierChan
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le 19 févr. 2013

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XavierChan

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