'ttention, je spoile (et il ne vaut mieux pas être spoilé des scènes de ce film, qu'il vaut mieux dé
"Holy Motors", un film sur le cinéma, le rôle et la transformation.
C'est un tour d'horizon. On va du film d'animation au film dramatico-réaliste, en passant passant par le film fantastique, celui où il y a une "mission" à remplir, sans oublier la comédie musicale ... L'entracte est, quant à elle, une sorte de clip musical. C'est de l'accordéon. Bon, l'instrument en lui-même ne m'a pas rendu folle plus que ça, mais c'est bien foutu. On voyage d'univers en univers, notre perception change à chaque fois, ainsi que nos repères. C'est un peu comme un catalogue de topos, d'archétypes, d'images nettes et précises que l'on connaît du cinéma, mais assemblés bizarrement, ce qui donne à ce film un côté très surréaliste. Mais c'est très plaisant, dans le sens où le rythme change, le temps se dilue d'une autre façon. On ne se pose pas la question de l'heure, ni celle où l'on se demande à quel stade du film on en est (la réponse à cette question nous surprend rarement, d'ailleurs, dans le sens où la majorité des films suivent le même et insupportable schéma "début joyeux - intrigue - ohlala c'est la merde - end of the world - deus ex machina - happy end"). Là, c'est différent. On se laisse porter. C'est quand, le jour, et puis la nuit ? On ne sait pas. Tant pis, c'est tout aussi bien, de se perdre un peu.
La belle limousine blanche nous promène de récits en récits.
Ce qui est admirable, c'est que, dans ce film, le cinéma déploie toutes ses facultés, nous montre ses pouvoirs. "Holy Motors", c'est une galerie de personnages et, donc, de costumes, de maquillages, d'attitudes, de dialogues, de gestes ... C'est très riche ! On reconnait plus ou moins, les personnages nous en rappellent d'autres, issus de films, de séries ou d'histoires.
Je dirais aussi de ce film que c'est, et c'est surtout pour ça que je l'ai aimé, une galerie de tableaux. Des scènes très belles, travaillées, faites pour être contemplées. L'esthétique de "Holy Motors" est stupéfiante.
"Pour la beauté du geste."
Après, pour ce qui est du personnage principal, là, y'a de quoi plancher. Un personnage qui est la quintessence même DU personnages, ou, au contraire, un anti-personnage ... Tout ce qu'on sait, c'est qu'il parle différentes langues, revêt différentes apparences pour vivre différentes vies. C'est bien plus qu'un acteur - qui, lui, joue - et, en même temps, ce n'est pas un personnage, mais plusieurs. Après avoir vécu une "vie" (disons), il se prépare immédiatement à une autre, et ainsi de suite. Quand on y repense, rien que le début, bah ça n'en est pas un. Et les mondes dans lesquels il évolue sont troubles. C'est casse-tête. C'est pour ça que c'est génial.
J'ai eu le mot "vies antérieures" en tête, aussi, mais je n'ai pas su dans quelle phrase caser ça. Je le pose là.
Ce film, de toute façon, joue à nous troubler. On commence par ne plus discerner le vrai du faux, avant de finir par croire que tout est faux. Les morts sont fausses, les personnages ne sont pas des personnes, ils sont faux, eu aussi. Même la cheminée est fausse.
Quant à la fin, elle est ... géniale.
(Ah, et à un moment, il fait un rêve, et j'aurais aimé savoir une chose : est-ce que ce rêve se déforme de cette façon, comme si tout se déstructurais comme se déstructure un film, sur l'écran, quand le fichier que l'on regarde merde ou est de mauvais qualité, ou est-ce le film a merdé ? Si la première hypothése est bonne, je trouve ça ingénieux. Sinon, bah, tant pis.)
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