Malgré les bombes et la folie des hommes, John Boorman se projette dans le regard d’un enfant qui ne prend pas tout ça au sérieux, on ne lui donne pas tort.., tellement occupé à dresser son armée de soldat de plomb et à reluquer les filles.


Prenant le contre-pied du sérieux de la chose, il choisit la voix d’un burlesque teinté de moments chaleureux, alimentant la nostalgie de ces instants où l’émotion prend le pas sur la gravité. Une maison détruite par les flammes devient un futur lieu où l’on peut venir finir le travail en bande et reluquer les culottes de Mary-Lou. Après tout, les bombes les ont affranchis de la discipline scolaire. La musicalité des staccatos des armes lourdes et les teintes que prend la nuit enflammée, sont autant d’agréments prompts à alimenter les doux fantasmes d’une nouvelle légende Arthurienne.


L’auteur d’Excalibur dresse le portrait d’une galerie de personnages picaresques dans l’Angleterre de la guerre avec justesse, délicatesse, mais également suffisamment de recul et une lointaine ironie sciant parfaitement à cette ambiance de lente agonie, au final il ne reste que la nostalgie de l’insouciance.


John Boorman retourne dans son Angleterre natale et retrouve le scénariste Peter Nichols qu’il avait déjà adapté sur son tout premier film, Catch Us If You Can – rien à voir avec le futur Spielberg – pour une œuvre drôle et nostalgique remarquablement bien interprétée. Car en plus d’un grand esthète naturaliste, Boorman est un excellent directeur d’interprètes.


Vu sous le prisme de l’insouciance, le film n’en oublie malgré tout jamais d’égratigner la bien-pensance et les bonnes pratiques de l’éducation anglaise, en n’oubliant pas d’en montrer ses travers : la couardise, la dénonciation, le cocufiage, … et l’illusion de la droiture et de l’exemplarité en des temps difficiles. Plus d’un demi-siècle plus tard, rien n’a changé.

philippequevillart
7

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le 19 mars 2020

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