Monde en crise, période difficile, oubliez vos tracas. Rêvez avec Frank Capra qui vous emmènera au delà de toutes ces turpitudes dans un paradis appelé Shangri-La où l'Homme est gentil, et donc tout va bien.


Frank Capra fait son gentil fou, son optimiste universel, alors c'est beau et fou mais c'est aussi pas mal culcul, et cette fois-ci encore au delà du totalement manichéen. Le scénario en même temps d'être dingue est souvent raccordé au scotch tout de même, ceci sans prendre en compte les parties du film reconstituées avec ce qu'il en reste, en l'occurrence la bande sonore. La découverte de Shangri-La apporte son lot de superbes panoramiques d'un temps ou la montagne était une vraie splendeur. Il y a aussi ce quelque chose de fantastique dans le visuel et la thématique qui est assez remarquable chez Capra. Il parle une nouvelle fois de la méchanceté des Hommes conditionnée par leur environnement et de la beauté du coeur qui tend naturellement vers le bien, mais avec cette touche d'horizons lointains qui zenifie encore plus le tout.


Mais Robert Conway tout de même... Ce mec est un fantasme inachevé sur patte. Jusqu'ici (de ce que j'ai vu plus clairement), les héros de Capra vivaient l'idée du bonheur en accord avec la réalité politique. Ici, le rêve de Shangri-La (La Contée en mieux) bouffe tout le monde. Les seconds rôles pourtant taquins plongent dans la mièvrerie, Conway (Ronald Colman pas toujours crédible) se vautre dans l'utopie, est en extase constante devant tant de beauté paisible (et hop une femme parfaite en prime pour toi mon frère), et son frère John est le seul à saouler tout le monde pour rentrer à New York. Pas de bol, il joue comme une savate tout comme sa copine russe (hop une copine russe pour toi mon frère), et devient vite casse bonbon à lui tout seul. spoiler Le grand lama maquillé en bicentenaire et édenté a bien du mal à ne pas faire rire aussi... spoiler


Après une sympathique première partie avec un avion détourné de sa route, on a donc un gros milieu de métrage ulltra "oouuuh regarde les oiseaux qui volent en jouant de la flûte" avant de retomber vers une fin abracadabrantesque aussi maligne et surprenante que gros sabot. Oui, Capra est décidément assez malin pour te twister le cerveau sans crier gare avec un certain plaisir, des dialogues qui creusent bien l'idée avec ferveur, c'est toujours si humain et beau tout ça, mais ce coup là, il ne m'aura pas totalement. C'est quand même cousu de fil blanc son pèlerinage en paradis terrestre.

drélium
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le 20 juin 2011

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drélium

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