Le diable s'habille en survêt' jaune
Cette critique contient des spoilers
Sous ses airs de romance pour adolescents, "Horns" arrive à surprendre quelque peu grâce à un traitement de certaines scènes pour le moins inattendus dans ce genre de divertissement, j'y reviendrais.
Le film est à diviser en deux parties assez différentes l'une de l'autre, ce qui donne au tout une prise de position assez glissante de la part de Aja. On ne sait pas trop comment prendre le film car il change de tons et de registres, arrive à se retourner plusieurs fois et à relancer ce qui semblait être un monorail tout ce qu'il y a de plus banal. Construit comme un drame à la fois frais et juvénile, "Horns" lorgne également du coté de l'humour grinçant, du comique de situation et de l'"horreur" psychologique.
Je pense notamment à deux scènes spécifiques qui arrivent à déranger à cause du parti pris de Aja pendant tout le reste du film. Lorsque l'on voit la mère de Ig pour la première fois, la surprise nous gagne devant la facilité avec laquelle l'actrice et Aja choisissent de vomir des propos aussi brusques que putassiers. Nous sommes aussi stupéfait que Ig l'indésiré alors que sa mère détruit en quelques secondes une relation mère-fils qui aurait mit toute une vie à se construire. Et quand c'est pas fini, y en a encore. On nous matraque violemment une haine viscérale alors que le pauvre vient de perdre un amour de 17-18. Ce n'est pas le propos tenu qui m'a fait titiller mais sa place dans le récit et la force avec laquelle elle frappe le personnage déjà meurtri de chagrin.
La deuxième scène en question est la vengeance de Ig sur ceux qu'ils jugent indignes de vivre "proprement", et notamment son frère. Je pense encore au public visé par le film, c'est-à-dire majoritairement des adolescents que Aja contente avec des éléments de pop-culture, au début du film (Radcliffe, Nirvana, Bowie, etc...). Le caractère de cette scène est de nouveau une déclinaison assez violente. On parle quand même d'un fratricide à coups d'ingestion de drogues dures et de whisky, la bave aux lèvres et les yeux tremblotants, sans aucune espèce de remords.
C'est un peu comme si vous vous baladiez dans un champs de coquelicots roses bonbons et là paf, un cadavre de taureau pestilentiel ouvert de la tête à la queue et remplit de vomi fumant vous barre la route. Finalement vous contournez l'obstacle et faites comme si de rien n'était. La structure du récit est un peu comme ça.
Je ne reproche pas ces éléments au film, au contraire, mais ils sont quand même à noter car sans ça, le film est correct avec un Radcliffe tout ce qu'il y a de plus potable et une bande sonore décontractée mais manque de corps et d'intensité globale.
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