Hors normes est à l’image du cinéma de Nakache et Toledano. Investi, exigeant, bienveillant et conscient. Il se situe dans la veine de Intouchables dans la mesure où il s’intéresse également au sujet du handicap. Mais par un biais plus dur, plus sensible, puisque les réalisateurs nous plongent dans le monde peu connu de l’autisme sévère chez les adolescents.
Ils portent un regard à la fois clinique et humain sur ces enfants dont personne ne veut ou ne peut s’occuper. Les rares structures qui acceptent de les prendre en charge doivent le faire en dehors des circuits réglementaire, à la limite de la légalité. Mais s’ils ne le font pas, que deviennent ces enfants ? C’est tout l’enjeu de Hors Normes, qui suit les leaders de deux associations venant en aide à ces laisser pour compte, une les accueillant, l’autre les encadrant avec l’aide de jeunes en insertion.
On reconnaît évidemment la touche des réalisateurs, un mélange de pudeur et de gravité allégé par un humour salutaire et un imparable sens des dialogues. Hors Normes est réaliste, parfois violent mais toujours porté par un humanisme féroce et l’espoir vivace que les choses peuvent s’améliorer si on s’écoute. A la fois délicat et factuel, rejetant tout pathos excessif, le film ne vire pas dans le docu-fiction, malgré le caméra à l’épaule de circonstance et le fait qu’il soit inspiré de faits réels. Le style est maintenant bien assuré autour d’un récit solidement structuré. Certaines scènes prennent à la gorge, mais toujours avec un certain recul, sans jugement ni manichéisme. Il ne s’agit pas de blâmer qui que ce soit, mais de faire un constat, au demeurant assez alarmant.
C’est un duo particulièrement bien assorti qui incarne ces chevaliers blancs modernes. Si la justesse de Reda Kateb n’étonne plus personne, Vincent Cassel, monstre de bienveillance et d’empathie, nous épate. Et Dieu sait que je ne suis généralement pas fan de l’acteur.
Mention également pour la formidable Hélène Vincent, déchirante mère sacrificielle et dont le personnage met en avant la terrible réalité de la gestion du handicap mental à l’âge adulte.
Maintenant le délicat équilibre entre divertissement et engagement, Nakache et Toledano confirme leur statut à part dans le cinéma français, artisans d’œuvres à l’impact populaire indéniable.

Thibault_du_Verne
7

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Créée

le 1 déc. 2019

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