Hors Satan dresse un tableau intemporel, où hommes et femmes vagabondent au gré des envies, loin des populaces, loin des artifices. Là bas, dans un paysage si vaste où la nature est mise à nue, les âmes errent sans but, se croisent, échangent quelques mots, observent, ressentent. Alternant entre les tons ternes des dunes ou la grisaille des habitations et le vert tendre des marais où les oiseaux chantent, Hors Satan prélève une part de la vie d'humains sans attente et sans espoir. Loin des villes grouillantes et des publicités abrutissantes, ces petites gens parviennent à vivre leur vie, indépendamment des lois et des rituels quotidiens.
Comme un abandon de soi, leurs corps ne les importunent pas, ils délaissent leurs sens au profit d'une élévation spirituelle continue. Ici, l'Amour n'existe pas, mais l'Adoration a trouvé sa place. Face à notre étoile, mains en coupe, chacun se recueille.
Telle une plante asséchée à qui l'on fournirait de l'eau d'une pureté absolue, un homme place le corps éteint d'une femme dans un marais, une oasis de vie. Comme l'Incarnation d'un être supérieur, cet homme se permet de voler la vie des plus faibles, tueur multirécidiviste sans alibi, il demeure libre. Grand, décharné, le visage asymétrique, il semble refuser toute idée d'acte sexuel avec la femme qu'il côtoie chaque jours. Dans une courte séquence aseptisée, il acceptera cependant le corps que lui propose une femme de passage, sans pour autant goûter au plaisir sexuel. Il tue et blesse froidement, avec les armes que lui fournissent les victimes. Ici, un homme meurt de naïveté, là, une femme est blessée par ses désirs.
Si le thème est maîtrisé à la perfection, Hors Satan se noie quelque peu dans sa forme : les interprétations hésitantes, les successions d'espaces vides ou encore la fausse pluie génèrent à long terme un climat stéréotypé, devant lequel notre condition de spectateur est sans cesse rappelée.
Hors Satan est de ses films qui laissent coi, l'esprit torturé par ces images douloureuses, partagé entre satisfaction et attente d'une réponse qui ne viendra jamais.
Pointofview
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le 29 janv. 2013

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