[Avec une voix de mourant ] : "T'es un homme bien Joe"

J'ai vu assez de westerns pour pouvoir affirmer que c'est un genre cinématographique qui m'attire beaucoup. Justement parce que l'Homme y est représenté libre et violent. Et je ne me cache pas d'aimer la liberté et la violence. Du coup, je suis souvent à la recherche des westerns classiques comme modernes, surtout que j'apprécie tous les autres codes et habitudes du genre. A l'annonce d'Hostiles j'ai eu des frissons de bonheur, l'excitation d'un enfant le jour de Noël : j'avais enfin le droit d'espérer un film récent aussi fort que les John Ford, ou encore mieux, que les Sergio Leone. J'avais aussi espéré ça en 2016 avec Les Sept Mercenaires, et lui m'avait profondément déçue pour sa violence digne de DisneyLand. Hostiles avait quelque chose en plus, notamment ce titre et cette bande-annonce qui laissaient croire à deux heures de brutalité à l'état pur. J'ai été déçue, encore. Et je n'aime pas ça.


Hostiles nous promettait, logiquement, de l'hostilité, et malheureusement, j'ai ressenti autant d'hostilité émaner du long-métrage que d'un Shetland à la naissance. En gros c'était super mignon, à en donner envie de faire gouzi-gouzi à Christian Bale et à sa gentille clique d’apôtres cow-boys qui semblent être là pour sauver le monde. Un message de rédemption se cache derrière cette incapacité des cinéastes à construire un héros méchant auquel on s’attacherait. Du coup, Joe qui devait être le pire des sales types, un gros raciste sans cœur et un mec sans attache, est finalement, un homme bon, voir même adorable, au service de toutes les âmes en peine sur le territoire du Far West. Au fur et à mesure que le film se déroule sous nos yeux, on remarque que Joe change pour passer de méchant haineux à ange sensible, trop rapidement, sans crédibilité. Le pire c'est que Joe n'est pas plus entouré d'hostilité que ça. Enfin si, peut-être, mais la mise en scène est si mal foutue et les passages d'action sont si rare qu'on ne remarque pas la violence qui devait découler du long-métrage. La première scène faisait presque l'affaire, l’animosité de l'être humain éclatait sauvagement dans une mise en scène stressante, le monsieur sur le siège de derrière moi était choqué et ne cessait de répéter : ''il s'est fait scalper'', moi je jubilais. L'action était quand même trop courte, mais c'est l'apogée du film.


La mise en scène d'Hostiles est son plus gros point faible. Comme je viens de l'écrire, elle n'arrive pas assez à emporter le spectateur dans l'action, nous laissant avec la sensation de regarder un film sans violence, contrairement à ce qui était annoncé. Les rares scènes d'actions sont trop courtes et mal filmées. Et surtout, la construction est ultra répétitive : campement, perte d'un homme et balade à cheval ; campement, perte d'un homme et balade à cheval etc. Ce genre de cercle scénaristique est une marque de manque d'expérience dans le domaine cinématographique ou de mauvais goût. Un mauvais goût qui se ressent sur les sièges des cinémas, parce que le spectateur se lasse. Oui, j'ai décroché du film, pas jusqu'à compter les rangés de fauteuils rouges dans la salle dans laquelle j'étais mais plutôt en regardant l'écran avec moins d'énergie qu'au début. La mise en scène un peu oubliée souligne un autre problème du film : les personnages. Ils sont bien trop nombreux, ils se ressemblent tous, ils sont là que pour quelques minutes et ils ont des noms compliqués. Désolée mais je retenue que le français parce qu'il avait un nom français, après lui j'ai abandonné. Mais nos pauvres personnages ils ont plein d'autres problèmes de construction.


Les personnages se partagent mal l'écran nous permettant même pas de les distinguer. Mais en plus de ça, les acteurs ne sont pas top. Du coup, aucun personnage n'est construit, charismatique ou même un tout petit peu attachant. Je les ai tous vu comme creux et pas spécialement crédibles avec leurs ''aaah j'ai massacré des hommes, des femmes et des enfants, on s'habitue !'' et leurs larmes de regrets. Pour illustrer le manque d'entrain des acteurs je peux citer Christian Bale qui joue pareil dans tous ses films. Je suis sûre que ses castings se passent comme ça : - Joue le cow-boy. - [Hochement de tête]. - Joue Batman. - [Hochement de tête]. Joue l'homme en pleine réflexion. - [Hochement de tête]... Merci Christian, mais trouve toi un autre job et rase ta moustache s'il-te-plaît. Et en plus, dans Hostiles il est tout le temps à l'écran en zoom intense. Fallait prendre quelqu'un d'autre sérieux, un homme avec l’étoffe d'un cow-boy et avec un bon jeu d'acteur ! En plus, Joe est le seul qui compte, le seul qui évolue vraiment, le seul à avoir le droit à des relations avec les autres personnages... Et franchement, cette fin, on s'y attend plus que le couché du soleil à la fin de la journée, nan ?


Par contre, j'avoue ne pas avoir totalement quitté des yeux l'écran grâce à l'atmosphère de western qui règne pendant tout le film. Il y a des courses dans le désert, des cow-boys, des indiens, des cadavres, des revolvers, des chevaux et une BO à faire tomber. C'est d'ailleurs cette dernière qui m'a le plus tenu en haleine. Les actions, les paysages et tout le reste sont mieux représenter par les instruments à cordes que par les images.


En gros, le film est mal mis en scène, pas assez violent et il manque totalement de construction visuel ainsi que des personnages, par contre l'ambiance western est sympa et la BO est absolument géniale.

LapinouBleu
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le 27 mars 2018

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LapinouBleu

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