Si tous les hommes d'Amérique se donnaient la main, le pays serait une terre bénie, la merveille des merveilles. Malheureusement, comme dit Yellow Hawk, le chef cheyenne du film (en prenant l'exemple particulier des Comanches, mais qu'on pourrait étendre à un échantillon humain beaucoup plus large), il y a toujours des "chiens galeux", des "têtes brûlées" pour déclencher des conflits et semer la mort.
D'où la nécessité d'une force armée qui fasse respecter les lois du pays, voire appliquer les décisions du Président des États-Unis.
C'est, semble-t-il, une des réflexions à tirer de ce western de plus de deux heures : Hostiles, qui nous raconte la longue et dangereuse équipée de Joe Blocker, un ancien capitaine de cavalerie, devenu gardien de prison au Nouveau-Mexique, chargé en 1892 d'accompagner un chef indien rongé par le cancer jusqu'à ses terres ancestrales du Montana afin qu'il puisse mourir et être enterré "chez lui".
Des réflexions, le film de Scott Cooper en suscite bien d'autres. Il démarre notamment par un propos étrange, quasi insolite de D. H. Lawrence affirmant que "l'Américain est un homme courageux et solitaire, un tueur" (je cite de mémoire l'incrustation initiale du métrage) et l'incarne d'emblée et doublement avec l'ex-capitaine de cavalerie (Christian Bale) et le vieux chef Cheyenne (Wes Studi) amenés, alors qu'ils furent des ennemis irréductibles durant les Guerres indiennes, à pérégriner ensemble à cheval sur quelque 1.200 km de traversée sud-nord des États-Unis (Nouveau Mexique, Colorado, Wyoming, Montana).


Plutôt que de commenter longuement l'opus de Scott Cooper, je voudrais seulement dire que j'ai trouvé le film magnifique, et de ma part c'est un cri du coeur.
Magnifique par :
- la splendeur des décors naturels choisis (prairies, forêts, rivières, rochers, rocailles, montagnes) qui sont un émerveillement constant et renouvelé,
- la splendeur de la photographie (notamment des ciels d'une beauté indicible),
- la splendeur de la bande-son (lente, majestueuse, nostalgique, inspirée, quasi wagnérienne lors des funérailles de Yellow Hawk, en un mot : bouleversante),
- la qualité de l'interprétation (les acteurs incarnent véritablement leurs personnages, on y croit complètement, c'est un sans-faute pour le casting),
- l'habileté de la narration et de certaines de ses ellipses (par ex. la mort, je veux dire: la passation, de Yellow Hawk n'est qu'un fondu enchaîné),
- l'hommage rendu aux Amérindiens tout au long de cette odyssée, hommage émouvant qui culmine lors des funérailles du vieux chef Cheyenne,
- le réalisme surprenant du dénouement et sa qualité de prise de son (les balles sifflent à nos oreilles comme rarement),
- le suspense (qui repose notamment sur l'extrême sensibilité du jeu des acteurs) des toutes dernières minutes du film, résolu dans son ultime plan.
Que d'éloges !
Et néanmoins, la réalisation de certaines scènes d'action m'a semblé un peu faiblarde (vous en jugerez vous-même), raison pour laquelle je n'ai pas mis "9".
Il reste que c'est un très bon, très beau western, dans la lignée des plus grands du genre. Ne le manquez pas.

Créée

le 17 mars 2018

Critique lue 281 fois

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Fleming

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