Retour à la terre
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Renaud dans l'Hexagone nous disait:
Passent les jours et les semaines
Y'a qu'le décor qui évolue
La mentalité est la même
Tous des tocards tous des faux-culs
Aujourd'hui, toujours la banane, toujours debout, Renaud a embrassé un flic. Et on en pense ce qu'on voudra, c'est un parti pris témoin chez lui d'évolution, qui le classe donc je ne sais où, mais indubitablement selon ses propres critères en dehors des tocards et des faux-culs.
Quoique tocards, au sens de chevals de course qui ne gagnent jamais, on l'est tous un peu, puisque jusqu'à preuve du contraire on n'a pas grand-chose à gagner finalement. Surtout dans un monde où « Dieu est mort ».
Dieu s'est détourné de nous... dit le cowboy sous l'ombre de son chapeau.
Au-delà du tocard, considérons-nous plutôt comme ce moineau du chant du cow-boy autour du feu :
Comment le moineau peut-il voler
Comment le moineau peut-il siffler
S'il passe son temps à pleurer
Sur ses ailes brisées
Donc tocards oui, mais qui sachant qu'il ne peut gagner, arrête de courir à tout-va. Il n'en court pas moins vite (aussi vite que ses éternelles ailes brisées le lui ont toujours permis), quand il court. Mais c'est une vitesse bien plus plaisante quand on sort de cette idée de course contre la grande ourse et sa vallée… Parfois, seulement, se fait-il peut-être un peu plus serpent. Ou moineau justement. Comprendra qui pourra, moi-même c'est limite... mais passons.
Celui qui chasse le serpent finit par le trouver, et se fait mordre par surprise dit l'Indien
Ce qui est cool dans le Far-West qu'on explore avec Hostile, c'est que le décor est toujours le même, celui du Far-West, déserts grandioses et rudes, plaines grandioses et rudes, montagnes grandioses et rudes, forêts grandioses et vertes, paysages tellement grandioses et rudes et colorés qu'il me semble aujourd'hui presque difficile avec les moyens techniques du bord de faire un mauvais western. De mon point de vue en tout cas, le paysage reste pour moi un désormais sempiternel acteur qui ne peut presque plus me décevoir.
C'est notre putain de fichue Terre chérie.
Et puis les acteurs humains de toutes manières sont supers, et Christian Bale est très beau et très bon, malgré sa moustache très moche. Ce qui double son mérite.
Donc oui le décor est toujours le même, mais là du coup c'est la mentalité qui évolue. Une mentalité qui est justement l'aile brisée. Brisée à coups de massacres et de rancœurs de souvenirs de massacres. Brisée par l'absurdité de la colonisation, et du cow-boy qui ne veut pas lâcher ce qu'il a pris. Avec son unique aile focalisée il tourne en rond. Et ça fait mal.
Mais au contact de l'Indien rouge, et je ne parle ni de communisme ni de peinture, ni même de peau (mais plutôt du cœur et du sang qui l'irrigue), on lâche toujours tout.
Vas-y et ne te retourne pas, une partie de moi part avec toi dit-il à l'Indien qui part mourir. Un funambule tombé sous le coup du cancer et des bouffons. Des conquistocardors et des faux-culs cyniques.
Et une haine tombée sous la chaleur de plumes sur des bâtons sans pointes.
Inquiétante est l'espèce humaine : un bouffon peut lui être fatal Ainsi parlait Zarathustra
La vie est dure à supporter : mais ne faites pas les délicats ! Nous sommes tous de braves ânes et ânesses et bêtes de somme.
Créée
le 21 mars 2018
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