Le village.

Imaginez un superflic à la John McClane ou Harry Callahan, contraint de s'exiler dans la campagne anglaise la plus tranquille qui soit, où le plus gros crime jamais vu fût la tristement célèbre affaire de la saucisse disparue. Le duo Edgar Wright / Simon Pegg a justement l'idée farfelue de mettre en pratique cette situation surréaliste, trois ans après "Shaun of the dead".

Comme pour leur précédent outrage, Wright et Pegg parodient un genre typiquement hollywoodien (ici le buddy movie) pour mieux le remodeler, mieux l'imbriquer dans leur petit univers, avec toujours ce même amour, ce respect des codes du genre et de ses figures imposées, à ceci près que Wright doit cette fois relever un défi bien plus ardu: rendre la triste campagne anglaise foutrement badass et cinématographique.

Et c'est que le gus y arrive avec une maîtrise confinant à l'impertinence, fonçant pied au plancher du début à la fin sans jamais prendre le temps de ralentir, même dans les virages. N'ayant de leçon à recevoir de personne, Edgar Wright livre un pur actionner spectaculaire et jouissif, au rythme effréné, virant carrément au pur western campagnard dans sa dernière bobine, avant de s'achever sur une note pyrotechnique purement gratuite (donc orgasmique) digne du Michael Bay des grands jours.

Si l'on perd au passage la "profondeur" et la spontanéité de "Spaced" et "Shaun of the dead", Pegg et Wright visant avant tout le rollercoaster pur et dur, "Hot Fuzz" est à mourir de rire avec son humour british et ses seconds rôles complètement perchés (Nick Frost, Timothy Dalton; Jim Broadbent, Paddy Considine et sa superbe moustache...), un immense défouloir frappadingue digne d'un John Woo de la grande époque, un peu comme si Johnnie To décidait de transformer un Super U de Dunkerque en gruyère.