"I saw the best minds of my generation destroyed by madness"

Biopic du poème de Ginsberg, plus que de Ginsberg lui-même, Howl est un film maladroit qui pourtant fonctionne très bien. C'est le genre d'exercice de style expérimental qui peut effrayer, avec en option un gros risque d'images poseuses (c'est le cas - ainsi chaque séquence bénéficie d'un filtre différent par souci de clarté dans un film non-narratif) et d'acteurs cabotins. Ca + l'estampille Sundance, remember le drame "I'm Not There", le truc sur Bob Dylan. Pourtant, James Franco est surprenamment très en retenue, et suffit à porter le film, les souffrances d'Allen Ginsberg et son énergie créatrice.

Rythmé par les vers de Ginsberg, récités (voire déclamés) par Franco, Howl est une tentative de restituer le ressenti face à une des oeuvres les plus marquantes du XXe siècle et de la littérature américaine, pierre de touche de la Beat Generation.

Ainsi, suivant une trame non-narrative, le spectateur navigue entre la mise en images d'animation hallucinées et jazzy des vers de Howl, une vraie-fausse interview de Ginsberg restituant la part d'intime du poème et le procès pour obscénité questionnant la valeur littéraire du poème et son impact sur le public, pendant des années 50 encore prises dans un consensus bien pensant d'après-guerre/guerre froide. Le film raconte ainsi vraiment la vie d'une œuvre littéraire, de sa création à sa réception, j'ai même vu une prof d'Oxford parler de "poème filmique". C'est même un peu trop didactique par moment. Pourtant, tout cela suscite une polyphonie finalement bienvenue car, si le film est un peu difficile d'accès au premier abord, il permet de restituer toute la complexité artistique d'un mouvement contre-culturel, entre création pure, tourments personnels et impact sur un siècle.

Il s'ensuit qu'à défaut de tout comprendre à Howl d'Allen Ginsberg, Howl de Rob Epstein nous fait entrevoir que ce n'est pas le but du jeu, que le but du jeu est plutôt de se laisser porter. On ressort avec l'envie de lire ou relire Howl, ce qui est, selon mes standards, le meilleur seal of approval ever.
VirginiA
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le 12 mars 2012

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