Son conte de Noël ne serait-il pas simplement une déclaration d'amour au cinéma ?

Martin Scorsese se serait-il assagit ? Habitué à réaliser des films à la violence soutenue ou injurieux, pour la première fois de sa carrière, il met en scène un film aussi bien destiné aux petits comme aux grands, un changement de taille dans la carrière de ce cinéaste talentueux qui s'offre ici l'adaptation du roman "L'invention d'Hugo Cabret", de Brian Selznick et nous transporte en plein cœur de Paris au début du XXème siècle, à la rencontre d'un jeune orphelin de 12 ans livré à lui-même et qui fera une rencontre déterminante, celle d'un certain Georges Méliès. Martin Scorsese nous replonge au cœur d'un somptueux Paris des années 20/30, le Paris de carte postale au cœur de la gare Montparnasse magnifiquement reconstituée (les décors sont de toute beauté). Là où le réalisateur nous surprenant, c'est qu'il ne consacre pas tout son film à Hugo Cabret et ses déboires (la perte de son père, la misère dans laquelle il vit, etc), il dresse aussi un impressionnant et (très) émouvant hommage à l'un des génies du 7ème Art, Georges Méliès, un artiste/magicien à ses heures perdues, mais cinéaste de renommée international grâce à ses nombreuses œuvres et techniques cinématographiques qu'il mit en place (véritable inventeur des trucages, ancêtre des effets spéciaux). Mais Martin Scorsese ne se limite pas à lui et dresse aussi un vibrant hommage à la création même du cinéma, à ses débuts et à ses grands noms qui ont su mettre en lumière ce formidable outil et espace de création (il fait ainsi référence aux frères Lumière, Charlie Chaplin, Buster Keaton & Harold Lloyd). De la reconstitution des projections publiques du célèbre film des frères Lumière : L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat (1895) en passant par le studio de tournage intimiste de Méliès à Montreuil (où l'on découvre l'envers du décor lors de ses tournages), Scorsese nous émeut car on sent tout le travail qu'il y a eu en amont afin de restituter avec autant de fidélité tant d'éléments historiques.
Le tout magnifié par une mise en scène soignée, alternant prises de vues en décors intérieurs (à Londres) et en extérieurs (à Paris), le tout étant interprété par une formidable brochette d'acteurs où Ben Kingsley fait des merveilles aux côtés de l'hilarant Sacha Baron Cohen, Christopher Lee, Jude Law et du superbe tandem incarné par Asa Butterfield & Chloe Moretz. A signaler aussi que pour la première fois de sa carrière, Scorsese a été confronté à la 3D relief puisque le film a été réalisé et non convertit (le résultat final est saisissant). Son conte de Noël ne serait-il pas simplement une déclaration d'amour au cinéma ? (rappelons tout de même qu'il a fondé en 2007 la "World Cinema Foundation", une fondation qui préserve et restaure le patrimoine mondiale du cinéma).

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le 3 janv. 2012

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RENGER

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