Un bijou d'horlogerie. Le film de Scorsese est une horlogerie de précision qui se veut un hommage à Melies, et aux débuts du cinéma, mais est aussi une œuvre immense qui, comme le bon vin, ne révélera toutes ses qualités qu'avec le temps. Œuvre passablement négligée à sa sortie, Hugo Cabret se relèvera peut-être comme le chef d'œuvre scorcesien. Il faut voir la précision des décors, le travail de la lumière, des cadrages, les mouvements de caméra (que le numérique facilité, certes). Techniquement, le film est un sans faute. Quant au scénario, il est à la hauteur, ne négligeant aucun personnage, même les secondaires qui ont tous droit à un traitement particulier. Il faut voir avec quel amour Scorsese développe l'histoire entre le gardien de la gare et la fleuriste, celle entre ces deux vieux amoureux et la délicatesse de leurs approches... tout est ciselé avec un soin aussi extrême que le mecanisme de l'automate. Nous sommes face à un film immense, servi par d'immenses acteurs, des deux plus jeunes héros, qui jouent avec un tact, une finesse extrême, jusqu'aux plus aguerris comme Lee (toujours aussi impressionnant) ou Ben Kingsley, d'une infinie douceur.
J'ai revu le film aujourd'hui, au cinéma Le Régent de Saint-Gaudens, nous sommes en 2017. Et j'en suis sorti bouleversé : c'est la clef de voûte de l'œuvre de Scorsese.