Etonnant de retrouver l'ami Scorsese dans ce divertissement formaté de type « Joyeux Noël ! Venez dépenser chez nous les 10 euros par personne que coûte le seul film que vous vous risquerez à aller voir en famille cette année »... Pourtant c'est bien le cas : Scorsese est aux manettes de cet "Hugo Cabret". Or, tenez-vous le pour dit : ça ne se voit jamais à l'écran. Où est la patte ou l'esprit du cinéaste new-yorkais ? Personnellement, si on me disait que le film avait été fait par un autre et qu'on a rajouté le nom de Scorsese qu'après coup, j'y croirais sans problème... Enfin bref, pour prendre du plaisir à cet "Hugo Cabret", il faudra donc le voir non pas comme un film d'auteur mais comme un spectacle formaté pour Noël. Soit... Et pourtant, même en le regardant comme un produit commercial, pour moi ça a coincé. En effet, je trouve que, un peu à l'image des multiples horloges et automate présents dans l'intrigue du film, la mécanique de cet "Hugo Cabret" a beau être bien huilée, elle m'a surtout apparue comme étant affreusement déshumanisée. Avec tout son buis-buis numérique en 3D, j'ai d’ailleurs même cru un instant que le film était fait avec cette infâme performance-capture et que je regardais une suite du nauséeux "Pole Express"... Il faut dire que le traitement qui est fait du Paris de la Belle époque n'aide absolument pas non plus. Coloré, propret, clinquant, avec tous les clichés possibles : Disney n'aurait pas fait pire. Et ce n'est ni les personnages ni l'intrigue qui, à mon sens, relèvent le niveau. Quel honte d'ailleurs de solliciter un casting d'une telle qualité - Ben Kingsley, Sacha Baron Cohen et Chloé Moretz ! - pour au final ne leur offrir que des personnages lisses et creux dignes du pire des "Harry Potter" ! Mais après tout, ce manque de substance est totalement logique avec ce traitement "conte de Noël commercial" dans lequel s'englue le film... Après un tel descriptif, vous pourriez du coup vous demander pourquoi avoir mis presque la moyenne malgré tout. Eh bien disons que la seconde partie sauve un petit peu la mise dès qu'elle ouvre ENFIN sur le dévoilement de son intrigue. Après une heure d'ennui abyssal, Scorsese dévoile le dessous de son film, fait de clins d'œil et d'hommages aux débuts du cinéma. Pour le coup, le film raconte enfin quelque chose, transmet enfin une émotion même si elle est un peu trop surfaite. Même si, pour ma part, j'ai trouvé cette déclaration d'amour faite au cinéma d'autant, carrément trop emprunt de pédagogie, j'avoue que malgré tout elle est venue comblé un vide qui m'oppressait jusqu'alors. Enfin, à partir de là, j'ai trouvé le film sympathique. Enfin, j'y voyais un sens et j'y sentais une démarche. Au final, que m'est-il resté de cet "Hugo Cabret" ? A dire vrai, pas grand-chose... La deuxième moitié n'était certes pas désagréable mais j'avoue avoir ressenti dans la bouche comme un arrière goût de produit formaté qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Après, c'est Noël, peut-être ferez-vous le cadeau d'être indulgent à l'égard de l'ami Scorsese. Mais bon... A 10 euros la place, cela peut faire un peu cher le cadeau...

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le 15 oct. 2017

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