En montrant Hugo Cabret à un proche qui ne l’avait jamais vu, je me suis interrogée : pourquoi ce film de Martin Scorsese est-il aussi méprisé ?
Mérite-t-il tous les reproches qu’on lui fait ?
Ce fut pour moi l’occasion de creuser plus avant le contenu de ce merveilleux hommage au cinéma et à la créativité artistique et d’observer avec mes modestes moyens et connaissances dans le domaine la forme choisie et proposée par le réalisateur.
Remettons les choses dans leur contexte : j’ai découvert les aventures de ce jeune parisien à Noël l’année de sa sortie en salle. La salle où j’ai amené mes neveux le diffusait en 3D.
La scène d’ouverture déjà, elle est magique ! Cette vue de la ville moderne, telle que nous jeunes adultes du XXIème siècle la connaissons dans ce qu’elle a de plus beau… et la voir d’un coup à nouveau comme il y a 85 ans
Avec mon œil naïf de spectatrice lambda, j’ai été fascinée par la reconstitution, la profondeur des rues parisiennes et pour moi, c’est l’un des films que j’ai vu pour lequel la 3D fonctionne le mieux. Ceci n’est bien évidement mon avis non expert qui n’a aucune espèce de compétence technique en la matière. Il faut que je précise aussi que je ne suis pas férue de ce type d’images qui a tendance à me donner mal à la tête et auxquelles je n’accorde pas de réel intérêt si ce n’est donner un argument de vente à des purges sans le moindre scénario… Je sais, j’abuse, j’exagère et je généralise. XD
A travers le destin de cet orphelin mystérieux – que fait-il dans cette horloge ? Qui est-il d’où vient-il ? – et débrouillard, Scorsese nous offre un voyage dans le septième art. Ni plus ni moins. La seule possession de cet habitant de la gare Montparnasse, son seul souvenir de son père bien-aimé (un Jude hors du mode bellâtre pour une fois) un automate déglingué auquel il manque quelques pièces et surtout sa clé en forme de cœur.
On lui reproche de n‘être qu’un film pour enfant, sa naïveté son côté « so french », carte postale nostalgique ? Mais il faut quand même réfléchir cinq minutes que cet « anodin » métrage a émerveillé autant les enfants que les autres qui ont découvert grâce à lui le pionnier de la comédie, du film de SF, érotique, du film en couleurs et j’en passe. Un passionné à l’imagination et à l’inventivité débordantes dont de nombreux pseudos réalisateurs actuels feraient bien de s’inspirer malgré les moyens techniques infinis dont ils disposent. Où sont les aventuriers, les magiciens, les sorciers, les sirènes et les voyageurs dont parle Ben Kingsley ? Martin Scorsese en encyclopédie cinéphile vivante a permis non seulement à des enfants de découvrir ce cinéma là –de ce point de vue, c’est une réussite magistrale si on se tient au plaisir de ces derniers devant les quelques images extraites de l’œuvre de Méliès- mais à des cinéphiles de redécouvrir son histoire et son œuvre. Pari gagné là aussi même si les enjeux ne sont bien évidemment pas les mêmes pour l’un et l’autre public. Il n’y a qu’à voir les regards des deux protagonistes découvrant un film, leur effroi, leurs rires, leur fascination… Et je connaissais l’œuvre de Méliès avant de voir Hugo Cabret en ayant fait jouer l’agitateur de curiosité qu’est ma médiathèque chérie en lui empruntant les coffrets intégrale Méliès sans connaître le rapport avec le Scorsese que j’allais découvrir quelques semaines plus tard.
Quand Martin Scorsese entend parler de ce livre pour enfants hommage au cinéma, on lui fait se rendre compte que lui seul peut être digne de s’atteler à cette tâche monstrueuse. Sa volonté de réaliser enfin un film pour le jeune public, qui ne soit pas interdit aux moins de 18 ans, arriver à le passionner sans le prendre pour un abruti a pesé lourd dans la balance. La décision a été prise en lisant le roman et en voyant à quel point il pouvait y faire vivre sa passion. L’auteur du roman n’a cédé ses droits qu’à cette unique condition.
Ce film montre aussi accessoirement l’importance du savoir, des livres (Isabelle et Hugo trouvent LA solution du mystère dans un livre) et les aventures qu’ils permettent de vivre. Celle qui a le plus fasciné ceux à qui je l’ai montré est celle de la rencontre des enfants avec le professeur Tabard qui à l’aide d’images d’archives présente le travail du réalisateur. L’émotion ressentie quand Tabard projette le film retrouvé est indicible autant chez les protagonistes que pour le spectateur. Comme un pan d’histoire retrouvé. Grâce à ce film on peut un peu mieux imaginer le bouleversement qu’a été cette invention de l’image en mouvement. N’en déplaise à ses détracteurs.
Ma scène préférée est celle où le contenu du coffre secret se répand dans la chambre. Cela donne lieu à des images extraordinaires. Court mais enchanteur !
Ce vibrant hommage au cinéma, à ses débuts et à l’artiste qui en est le maître, seul Martin Scorsese était capable d’en faire un avec autant d’amour, de connaissance, de respect et de talent.
D’un passionné à un autre…
Rawi
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le 26 janv. 2015

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Rawi

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