La colère verte

Super-héros crée par Stan Lee et Jack Kirby en 1962, je n'en étais pas vraiment fan, mais ses aventures m'amusaient, le concept revisitait le mythe du Dr Jekyll & Mr Hyde avec un savant dont une expérience qui tourne mal, le transforme en géant verdâtre à chaque angoisse ou colère. J'avais encore en tête la série un peu tartignolle de 1978 à 1982 avec le duo Banner incarné par Bill Bixby et Hulk incarné par le culturiste Lou Ferrigno, tous les ados de ma génération l'ont regardée avec un sourire ironique car la technique était risible ; aussi à l'annonce d'une version cinéma bénéficiant des techniques d'images de synthèse du début des années 2000, j'étais à la fois anxieux et intrigué. Le résultat n'est pas si catastrophique, même s'il n'est pas totalement réussi, mais je trouve que le film est quand même injustement descendu.
Sorti presque en même temps que le Spiderman de Raimi, il rassemble tous les éléments du film de super-héros et une sorte de romantisme sombre qu'on voyait dans les classiques d'horreur de Universal. En présentant Hulk à la fois comme un super-héros et un monstre, le réalisateur est resté fidèle à l'esprit subversif du personnage, tout en le remettant au goût du jour et en le projetant dans les peurs et les aspirations de notre époque, même s'il a insisté sur la part maudite et sombre du super-héros qui assume mal sa dualité. Et justement, le film est très fidèle au comics d'origine crée par Lee & Kirby, le problème vient sans aucun doute du réalisateur car je ne suis pas sûr que Ang Lee était l'homme de la situation, y'a des moments où j'ai du mal à comprendre les décisions prises par l'industrie hollywoodienne ; ce gars était totalement étranger au système hollywoodien et encore plus au monde des super-héros, ce qui fait que son film est impersonnel. Mais ce qui le plombe, c'est surtout l'excès de sérieux psychologique, ça empiète beaucoup trop sur la part destructrice de Hulk et sur l'action, d'où le fait qu'il a été mal compris par les fans et autant massacré par la critique.
D'autre part, je trouve que Eric Bana est parfait et charismatique dans le rôle de Banner, il a su montrer la facette émotionnelle du personnage, les Fx prennent ensuite le relais pour la transformation et la personnification de Hulk crée en images de synthèse par ILM qui est crédible et assez impressionnante, c'est jouissif de voir ce gros bourrin vert tout péter et balancer des engins de toute sorte comme s'il jetait un mégot de cigarette, ça rejoint le côté barje des planches de comics quelque part, et d'ailleurs si on peut louer un aspect du travail de Ang Lee, c'est sa technique de filmage avec ses plans à zoom et surtout l'emploi du split-screen qui est non seulement un clin d'oeil à la BD mais qui recrée bien le découpage des planches.
Voila donc ce que je pense de ce film : ni un chef d'oeuvre mais ni un navet non plus, il a certes des défauts mais aussi des qualités et se place comme un divertissement basique, je le note 6 comme L'incroyable Hulk de Louis Leterrier en 2008, pour moi les 2 se valent même si cette version a un petit avantage, avant le relookage complet par le MCU dans Avengers en 2012.