Il aura fallu attendre 17 ans pour que je voie à nouveau cette version tant décriée du géant vert : j'avais acheté le dvd anglais pour le découvrir rapidement après sa sortie au cinéma en France, et même en v.o. pure, le film m'avait bien plu. 2020 : j'achète le blu-ray 4K, et non seulement c'est formidable, mais ça a pris une patine supplémentaire.
Je pense que le parti-pris d'Ang Lee a été de faire un film sur la dualité, sur la part consciente et inconsciente de Bruce Banner, en particulier envers son père, et non pas de proposer des explosions et des scènes d'actions à tout va. Ici, elles sont plutôt courtes, et mal fichues, mais ça n'est pas ça qui m'intéresse. J'oserais même dire qu'il se rapproche du Superman de Richard Donner dans le sens où il interroge sur son personnage, creuse sa personnalité, y compris quand il devient Hulk. Par exemple, même s'il se transforme et devient fou de rage, il garde quand même une part humaine en ne tuant jamais personne. Mais c'est aussi la confrontation mentale entre Bruce et David Banner, le fils et le père, joués respectivement par Eric Bana et Nick Nolte, qui rend le film passionnant.
C'est également l'approche formelle d'Ang Lee pour mettre en images cette adaptation d'un comics Marvel qui marche encore du feu de Dieu ; il y a du splitscreen à gogo, des scènes filmés sous plusieurs angles, de plans qui deviennent des cases, ou alors une image morcelée en plusieurs parties chacune plus petite... Au moins, Ang Lee ose, et je trouve ça vachement dynamique à suivre, loin d'être un simple artifice, car il montre malgré tout, sous ses couverts dramatiques, on est dans un comics.
Alors oui, les scènes avec le géant vert ont parfois mal vieillies, car les effets spéciaux ont évolués depuis 2003, ça fait toujours bizarre de voir Hulk faire des bonds de cabri, mais qu'est ce que j'aime ce film, qui a voulu tenter quelque chose de différent, mais qui s'est planté commercialement parlant.
Mais pour moi, et je m'engage, c'est un des meilleurs films de super-héros de cette période, avec le formidable X-Men 2.