Le peuple veut-il vraiment du pain et des jeux ?
J’ai longtemps repoussé le moment de voir ce film. Rien que la bande-annonce m’avait fait frémir en songeant au concept repompé. Echaudé par le phénomène Twilight, je me méfiais aussi énormément de cette œuvre estampillée « nouveau phénomène ultra culte des ados œuvre amorale et tellement profonde et tellement trop djeuns en phase avec des ados et tellement … ben tellement twilightienne ».
Je pourrai aisément faire le vieux con. Oui je prends toujours du plaisir à voir les Goonies là où les ados de 2014 peuvent le trouver con donc je me venge de leurs lubies. Même pas. Je peux argumenter sans mauvaise foi.
Jennifer Lawrence est assurément agréable à regarder. Elle porte même assez bien le film sur ses frêles épaules et a su éviter le syndrôme bonne à fracasser incarné par Kristen Stewart dans les vampires jouent au touche pipi avec les loups-garous. Tout aussi certainement ai-je ressenti un début de frémissement pour le départ de cette chasse et cette séquence de massacre des plus faibles. Je suis sympa, je ne spoale pas plus. Mais merde. Soyons sérieux.
Primo j’ai eu mal aux yeux. Non seulement les effets spéciaux frisent parfois le ridicule (ah, ces teckels numériques censés nous faire trembler !) mais cette caméra je ne peux plus. Quelle mode étrange que cette envie renouvelée de nous donner la gerbe en étant incapable de conserver une caméra à l’épaule ? Est-ce une nouvelle tentative pour nous préparer à la gigantesque épidémie de Parkinson qui nous guette ?
Secondo le casting secondaire est assez pitoyable, au mieux pas transcendant. Sutherland, que j’adore, est sous exploité au possible et semble subir la caméra à chaque gros plan. Mon cher Woody Harrelson que j’apprécie tant, est venu toucher un gros chèque. Hutcherson fait ce qu’il peut, certes, Stanley Tucci jubile et m’a fait passé de bons moments en sa compagnie mais, par tous les dieux, que ces méchants sont méchants ! Olalala, comme ils sont trop méchants !! Pauvre Alexander Ludwig !!! Retourne vite auprès de Ragnar, ton vrai père, et de tonton Rollo !!!
Tertio … j’ai un cerveau. Dans ce dernier, en de rares moments, mes neurones fonctionnent. Pire, j’ai aussi des souvenirs. Je n’ai pas lu les livres, et ça ne risque plus d’arriver après cette expérience mais le concept est tellement honteusement pompé sur l’œuvre de Kōshun Takami et son jouissif et percutant Battle Royal et, encore plus ancien, sur l’œuvre de Stephen King que je me demande comment The Hunger Games a pu sortir sans être victime du procès du siècle. On pouvait certes s’inspirer de des deux œuvres, mais quitte à le faire, autant apporter quelque chose. Hélas, en dehors de nous dire que les méchants portent des fringues et coiffures étranges et que les pauvres gentils bossent comme des Amishs coupés de toute réelle technologie, tout est vide. Jamais ce futur n’est un tant soit peu développé. Jamais cette société totalitaire n’est réellement esquissée, tout juste perçoit-on la critique d'une télé-réalité, d'une population avide de spectacle violent .... déjà largement attaquée dans les deux oeuvres citées plus haut. Jamais on ne croit au début du commencement de ce monde futuriste. Mayrde Connery est ridicule dans Zardoz en terme de fringues mais au moins y-a-t-il matière à réflexion !!!
Assez absurdement moralisateur, intellectuellement pauvre car incapable de faire autre chose que de copier des choses déjà faites et donc incapable d’apporter quoique ce soit aux œuvres qu’il a outrageusement pompé,, disposant d’une de ces happy end paresseuses, ces jeux offrent un spectacle inégal, parfois sympathique, souvent lénifiant, long et au final pathétique.
Moins pire que Twilight mais tellement plus faible que Schwarzy et l’approche nippone de Kinji Fukasaku que c’est ici que s’arrête ma perte de temps avec cette œuvre.