Il est évident que ce deuxième volet est largement plus réussi que le premier, parce qu'il sait axer sur les forces de la narration. Tout d'abord, il développe ce qui avait bien fonctionné dans le premier, l'histoire lui permettant d'explorer davantage ce monde dystopique dans lequel les personnages évoluent. Au début du film, Katniss et Peeta (c'est quand même moyen comme noms mais passons) font le tour des douze districts. (Aucune explication n'est donnée quant au fait que l'un d'entre eux ne regroupe que des blacks, sans doute le fameux quota ethnique rentabilisé en un lieu.) L'occasion d'approfondir une mythologie apparaissant assez riche. On aimerait d'ailleurs en voir encore plus, et c'est le seul moment où les deux heures et demie du film font preuve d'un rythme un peu trop soutenu, là où il est parfaitement maîtrisé par la suite en ne laissant place à aucune longueur, ni raccourci.

L'arrivée au faste du Capitole amène son nouveau lot de costumes extravagants et de décors colorés, entre quelques rares déceptions quant aux effets spéciaux... Mais cette fois, sur fond de lutte des classes. Et pour cause : les anciens des Hunger Games sont rappelés dans un nouveau combat anniversaire, mais il apparaît clair que plus personne ne veut de cette tradition. Les intéressés redoubleront de stratagèmes pour échapper à la décision; et le personnage d'Effie, notamment, viendra mettre en lumière cette contradiction inédite, en bénéficiant d'un développement aussi inattendu que bien senti. Il apparaît clair, en réalité, que Francis Lawrence veut mettre l'accent sur l'aspect adulte et noir de l'histoire : le film, soudain, se fait presque subversif, en portant haut et clair un message de rébellion contre l'injustice du système établi. C'est ce qui fait l'intérêt de ce second volume : il devient porteur d'un sens, certes en accord avec son statut premier de film adolescent, mais surtout intrinsèquement actuel, universel et vif.

Jennifer Lawrence doit, par son personnage, prendre cette responsabilité sur ses seules épaules. Elle s'en sort convenablement, soutenue par un scénario qui joue sur l’ambiguïté des intentions de Katniss, hésitante à accepter le rôle de symbole de la révolution. Pour parvenir à ce stade, les péripéties de la seconde partie du film s'enchaînent à une vitesse folle mais expliquée par la cruauté affichée des organisateurs. Elles n'échappent pas à une prévisibilité certaine, aux quelques facilités du genre et au recours à des personnages secondaires très stéréotypés, mais restent assez haletantes et prenantes : le coup de maître final (habituel?) est d'ailleurs indéniablement badass.

Les différentes révélations ne sont jamais complètement choquantes, car les ficelles se veulent sans doute plus visibles pour être compréhensibles. Mais on appréciera ce qu'elles préparent : un dernier épisode qui s'annonce sans doute encore plus axé sur cette portée révolutionnaire que l'on attendait pas de "Hunger Games". C'est bien la décision de redresser l'histoire là-dessus, au lieu de se cantonner à un épuisant triangle amoureux adolescent, réduit ici à un plan marketing et au strict mimimum de quelques scènes qui semblent très forcées (sans doute pour satisfaire les ados fans), qui redonne une couleur méritoire à la série, dont on attend désormais, et contre toute attente, la suite.

(Par ailleurs, je suis totalement team Gale, c'est une évidence.)
Assurément
7
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le 9 déc. 2013

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Assurément

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