Black voices father
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le 18 nov. 2020
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I Am Not Your Negro est un long-métrage purement documentaire, il définit un style rarement rencontré, un genre qui amplifie souvent le travail de la mise en scène pour créer l'équilibre entre la composante statique (les diaporamas, les photos singulières…) et la composante dynamique (vidéos témoins, sections d’anciens films…), et qui incrémente les taches demandées du scénariste, telles que la conversion des ouvrages en une matière susceptible d’être cinématographiée, et la mise en œuvre du protocole a suivre par le narrateur. Comme le film est de l’archive (archive footage), je vais me focaliser dans les deux paragraphes suivants sur le scénario et la réalisation.
La personne concernée ici est « Raoul Peck », un scénariste d’une filmographie humble, moins populaire, néanmoins diversifiée, ce qui montre une maîtrise préalable du travail scénaristique piloté nécessairement par trois termes : le conflit, le récit et l’intrigue. Dans notre projection, je dois avouer que Raoul a excellé dans la tache supplémentaire imposée par le genre du film et à attribuer un certain réalisme au film par des répliques telles que : « Je ne sais pas quel est le nom de la fille de Martin et la veuve de Malcom ? ». En outre, « le blanc est une métaphore pour le pouvoir », « l’histoire des nègres en Amérique est l’histoire de l’Amérique », et « les blancs, en défendant la ségrégation, sont devenus des monstres moraux » sont trois phrases de la continuité dialoguée, qui suffisent pour décrire le conflit de nature externe pilotant notre scénario, le récit était cohérent avec les objectifs déterminés au début du film, à savoir la biographie des trois hommes : Medgar, Malcom X et Luther King qui étaient des portes parole différents, des catégories des noirs aussi différentes, et le racisme à travers leurs interventions et celles de Mr Baldwin, mais il y avait une redondance de quelques informations et une mise a part d’autres. De ce fait , le récit a perdu la direction au milieu, en suivant des lignes secondaires qui ne contribuent pas dans la voie principale de narration, mais cela est admissible si on prend en considération les problèmes d’intrigue : une discontinuité évitable après chaque série d’événement qui, elle-même, souffre de l’absence de causalité entre ses séquences, ce qui a engendré une déception chez le spectateur tout en perdant le fil harmonisant la totalité du film, on peut même concevoir qu’une réitération de quelques scènes ne provoquera aucun problème additionnel, un aspect aléatoire de narration qui fait perdre au film, sa particularité, sa magie, et son charme.
Raoul peck est aussi le réalisateur du film, il s’est impliqué ici dans une autre dimension artistique, il a essayé d’implémenter des schémas visuellement concentrées, pour s’enfuir du caractère inerte et amorti qui peut être causé par les diaporamas, cela pour redonner vie aux photos témoins, et aussi pour dramatiser son récit , il a réussi exceptionnellement à synchroniser la narration et le montage vidéo, ce qui démontre un bon travail du mixage du son et de l’image, et aussi à structurer les mouvements des diapositifs de telle sorte qu’ils instaurent sa vision et remplacent le travail photographique manquant. Cependant, la gêne causée par l’immobilité qui règne dans le film, était négligeable devant celle naissant des tentatives de réalisateur pour compenser avec les vidéos, parce qu’elles étaient à plusieurs reprises, incompatiblement positionnées, comme si leur rôle est restreint sur cette compensation. Est ce qu’on est vraiment besoin de photographier l’eau, les dessert et la forêt quand la phrase du narrateur contient les mots : Mars, arbre, larmes… ?
Apparemment, la répartition des discours de Malcom X, Martin Luther King et James Baldwin était colinéaire avec le narratif, mais dans le cadre du désordre dans j’ai parlé au paragraphe précédent. Je mets l’accent aussi sur l’obscurité, la fatalité et la cruauté présentées dans l’œuvre, que ça soit par des scènes explicites ou ironiquement implicite (la présidence après 40 ans), mais dans tout ce drame qui mérite d’être vécu pendant les 93min guidant le film, le réalisateur insert des images pacifiques de réconciliation, de cohabitation et de consentement entre les antagonistes (la scène du train, Marlon Brando dans les communautés noires….), tout en reprenant dans le même axe narratif le courant principal. Je pense que la réalisation a mis l’accent sur le traitement et l’antidote des problèmes imposés par le genre du film, tout en me convainquant que les problèmes d’intrigue ont empêché le film de se positionner autrement dans ma liste des « déjà vus » .
Créée
le 19 août 2018
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