A priori, on était hypé, le pitch d'un thriller graphique et décalé basé sur une agence de tutelles frauduleuse et une froide et calculatrice Rosamund Pike, ça sonne bien. Problème, des nombreuses promesses qui sont faites, aucune n'est tenue. Ni celle du thriller, ni celle de la satire de la self made woman, ni celle du beau film.
Le thriller d'abord. Une arnaque, montée sur des corruptions inhumaines et grossières, vise la mauvaise retraitée et voit un mafieux russe, assez mal entouré et interprété plutôt mollement par Peter Dinklage, troubler la routine de son rapt rodé. Ça pourrait fonctionner si les personnages étaient plus menaçants, les obstacles moins facilement contournables et les choix plus compréhensibles.
La critique satirique de rêve américain devenu capitalisme carnassier est elle aussi un échec quand bien même on perçoit la grosse ficelle d'intention de l'auteur. Il y a un vrai problème de positionnement par rapport au personnage principal. Elle est une énorme raclure et son arc ne offre nous offre qu'un antagoniste qui est une autre raclure, une copine qui ne remet rien en question et surtout aucune rédemption ou doute. Le tronçon central du film tend même à nous brosser cette dernière en héroïne faisant oublier des intentions amorales, pourtant encore bien présentes.
Plastiquement parlant, le film est assez beau mais J Blakeson le remplit de partis pris de réalisation très tranchés qui sont purement cosmétiques et ne servent à rien, comme l'utilisation récurrente du bisexual lighting, ces lumières roses et bleues, ou les dolly zooms placés aléatoirement.
I Care a Lot n'est pas un film foncièrement désagréable à suivre, son rythme et l'interprétation de Rosamund Pike (qui fait du sous Gone Girl, ce qui reste pas mal) font qu'il passe assez vite. Mais c'est une coquille vide très vite oubliée.