Une intrigue dramatique classique, mêlant la comédie romantique au thriller à l'humour noir, pour un buddy-movie improbable. On retrouve Elijah Wood, qui ces temps-ci, opte pour des films étonnants. Melanie Lynskey, qui tenait le rôle titre du film "créatures célestes" et malgré peu de grand rôle mène sa route tranquillement ("the informant", "jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare", entre autres films).
Premier film du réalisateur Macon Blair, acteur principal du film “Blue Ruin”, s'offre même une figuration en introduction pour nous présenter Ruth, et donne le ton. A l'instar de “Blue Ruin” déprime et violence, pour un personnage dépassé par les événements mais mû par un besoin irrésistible de lutter, pointant l'incivilité et l'inintérêt des uns pour les autres.
Ruth est cambriolée. De cette intrusion, elle mènera avec acharnement son enquête à la recherche des cambrioleurs. Entre grandes réflexions sur la nature humaine et sa vie morne, elle nous rappelle à nos propres existences, faites de lassitude et d'acceptation. Elle sera aidée de son voisin, un jeune homme en lutte contre son physique invisible, tout autant perdu, qui s'affirme en pratiquant les art martiaux pas toujours de manière efficace.
Ces deux personnages en rupture sociale, seront dépassés par les événements et confrontés à une bande de truands, tout autant incapables que les services de police, qui de discours affligeants à remise en cause de la victime, ne laissait aucun doute à la quête vengeresse de Ruth et nous fait rire jaune quant à l'actualité et de ceux qui y sont confrontés...
En seconde partie, l'intrigue change de ton par une course poursuite impitoyable réservant ses surprises et son lot de morts multiples.
"Je ne me sens plus à la maison dans ce monde", c'est elle, Ruth qui ne se sent nulle part à sa place dans la société qui ne fait que "valider" les mauvais comportements et nous révèle une jeune femme épuisée qui trouvera un exutoire à sa dépression.
L'actrice s'en sort particulièrement bien dans ces postures atones, dans sa difficulté d'élocution et sa timidité et retranscrivent bien ce personnage impuissant.
De bons dialogues et une bande son entraînante complètent le tout.
Le seul bémol est le manque de rythme et de vraie drôlerie. Les seconds rôles manquent un tantinet de punch, le mélange des genres et la rupture de ton même si elle est réussie, reste un peu timide. On aurait aimé plus de "trash" dans la veine des frères coen, où l'on retrouve l'ambiance décalée.
Quelques passages réussis avec Gary Anthony Williams, dans le rôle du policier dépassé en prise avec ses soucis familiaux et de la même manière, on remarque l'actrice Christine Woods, pour une performance jouissive en femme énergique mais surmenée.
Grand prix du jury, festival du film de Sundance.