On peut dire ce qu’on veut sur Netflix, ils ont le mérite de proposer des films qu’on ne risque pas de voir dans les gros complexes de cinémas tant l’industrie est devenue complètement formatée, à grands coups de suites et autres reboots de franchises. Ils financent énormément de choses sans réellement être regardant dessus. Alors c’est sûr, il en résulte pas mal de bobines sans réel intérêt, mais il y a également des films qui valent clairement le détour. Et dans cette liste d’heureux élus, on peut désormais rajouter le premier film de Macon Blair, acteur fétiche de Jeremy Saulnier (les très bons Blue Ruin et Green Room). Petite bobine indépendante qui a remporté le Grand Prix du Jury dans la catégorie « Fiction Américaine » au Festival de Sundance 2017, I Don’t Feel at Home in This World Anymore est une réelle surprise.


On vit tous des journées comme ça, ou rien ne va. On trébuche, on fait tomber des choses, on apprend des mauvaises nouvelles, … Et bien Ruth, c’est toute sa vie qui est comme ça. Elle se rend petit à petit compte du monde de merde dans lequel elle vit. Où plus personne n’a de respect pour les autres. Où la politesse n’est qu’un lointain souvenir. Où c’est chacun pour sa gueule. Elle idéalise un monde où les gens ne sont pas des connards mais se rend vite compte qu’elle ne pourra rien y faire. Alors qu’elle revient chez elle après une nouvelle journée de merde, elle se rend compte que sa maison a été cambriolée. Après avoir appelé la police et s’être rendue compte qu’il y a peu de chance que ces derniers l’aident beaucoup, c’est la goutte de trop. Elle va décider qu’il est temps de se bouger, de se rebeller, et elle décide de prendre les choses en main et d’enquêter elle-même. Accompagnée de Tony, un voisin un peu bizarre mais néanmoins sympathique fraichement rencontré, elle va petit à petit remonter la piste des cambrioleurs. Mais ils vont rapidement être confrontés à des évènements qu’ils auront du mal à gérer. Néanmoins, Ruth va pouvoir compter sur Tony qui va donner tout ce qu’il est possible de donner pour aider sa nouvelle amie.
Le coup de la bonne poire qui va péter un plomb à cause de son environnement et faire justice elle- même, il est clair que c’est du vu et revu. Le postulat de départ est clairement très classique. Mais là où I Don’t Feel at Home in This World Anymore va arriver à retenir notre attention, c’est grâce au regard plein de bienveillance que Macon Blair a envers ses personnages marginaux, bizarres, seuls. Des personnages qui vont trouver un sens à leur vie dans une mission commune peu commune. Une relation très touchante va naitre entre eux, et malgré le côté très prévisible du film, on espère que ce qu’on prévoit va se réaliser.


I Don’t Feel at Home in This World Anymore est un hymne à l’absurdité, une ode à la malchance. Macon Blair va jouer la carte de l’humour cynique et ça fonctionne un max. Il va se baser sur des situations réalistes qui ne vont jamais se passer comme prévu. On rigole, parfois du malheur des personnages, et certaines scènes sont tout simplement succulentes (la récupération de l’ordinateur portable, le high kick). Même lorsque le film change de ton, délaissant la comédie pour virer au thriller sur ses 20/30 dernières minutes, il y a toujours cette petite pointe d’humour qui va rester en arrière fond et qui va faire qu’on sort du film le sourire aux lèvres malgré les excès de violence et de gore auxquels on vient d’assister. On a presque l’impression de sortir d’un feel good movie alors que I Don’t Feel at Home in This World Anymore ne joue pas cette carte-là. Cela est sans doute dû à l’excellent duo principal. D’un côté, on a une Melanie Lynskey (Creatures Célestes, In The Air) touchante, toujours juste, en femme un peu gauche. D’un autre on retrouve un Elijah Wood (Le Seigneur des Anneaux, Maniac) en voisin super space limite psychopathe, qui semble apprécier ces rôles bien barrés. Leur alchimie fonctionne à merveille et ils sont clairement l’atout principal de cette bobine.
La mise en scène de Macon Blair est plutôt bonne. Sobre, efficace, il ne cherche jamais à en faire trop.
La photographie est volontairement pâlotte et granuleuse, comme pour refléter la vie des protagonistes principaux, mais cela donne une ambiance très particulière, et au final très agréable, à ce petit film plein de tendresse. A noter, une excellente bande son, tantôt rock, tantôt vintage, mais toujours bien amenée.


Excellente surprise que ce I Don’t Feel at Home in This World Anymore. Netflix a beau proposer des films qui, souvent, ne marquent pas les esprits, il arrive parfois que certains valent vraiment le détour. Conseillé !


Critique originale : ICI

cherycok
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le 9 juin 2020

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