La comparaison que je vais faire dans les lignes qui suivent vous paraitra peut être osée. J'ai vu Blow up, Blow out, et Conversation secrète (recemment) qui étaient tout les 3 de petites perles policières ou l'analyse d'indices et les pistes à explorer passaient toujours par des examens minutieux de quelques minces éléments (photos, bandes audio ...). Après avoir vu ces 3 films et les trois magnifiques scènes qui en découlent sur ce thème (David Hemmings qui accroche ses photos, John Travolta en split screen qui se réécoute sa bande son et Gene Hackman rivé à son bureau à ressasser ces fragments de phrases incompréhensibles), je pensais avoir atteint le maximum des possibilités dans ce domaine que j'apprécie.
I comme Icare vient de me démontrer l'inverse. Croisement en quelque sorte de ces trois films avec 12 hommes en colère (l'homme seul contre tous qui veut rétablir la vérité), I comme Icare dévoile l'enquête la plus minutieuse que je n'avais jamais vue au cinéma. Analyse de films, de photos, de diapositives, de cassette audio, de vieux journaux... Tout y passe, et les indices sont extremement cachés. Mais le personnage incarné à merveille par Yves Montand ne lâchera pas le morceau jusqu'au bout ! Final qui d'ailleurs est une des meilleures fin que j'ai vue depuis un moment.
Au niveau de la mise en scène, Verneuil sait rester discret pour imposer son cadre réaliste à l'histoire (d'où aussi la citation de Boris Vian en ouverture et le dialogue entre Montand et le mec des services secret à propos d'histoires inspirées de faits réels). Par contre, il joue magnifiquement avec le suspens et en créé à chaque moment en allongeant astucieusement certaines scènes ce qui fait trembler le spectateur. Exemple : le témoin que les enqueteurs recherchent décide enfin de téléphoner. Plan suivant, Montand est derrière son bureau, un téléphone est posé sur le bureau en premier plan. Et nous on est là, à attendre qu'il sonne. On a les nerfs en regardant ce téléphone on se dit "Rah mais putain, tu vas sonner !!!!", puis non, rien ne se passe, Montand part dans la pièce d'à côté ou ce sera finalement là qu'un autre téléphone sonnera. beaucoup de scènes sont travaillées de cette manière ce qui réussit beaucoup au film.
Le film n'est pas exempt de défauts (par exemple, la fameuse scène de l'expérience de Milgram qui est très réussie mais tombe un peu comme les cheveux sur la soupe) mais est véritablement une petite merveille du film policier (genre que j'apprécie).