Un film réunissant à nouveau le tandem qui m'a tant émerveillée dans Carol, Todd Haynes et Cate Blanchett, ça ne pouvait que me donner envie de le voir ! Mais quelle difficulté pour en trouver une copie ! C'est donc sur un DVD allemand sans sous-titre français qu'il m'a fallu le voir... ce qui n'allait pas sans une certaine difficulté, étant donnée la palette d'accents américains différents en catalogue parmi les acteurs. J'avoue être restée à la porte de la plupart des répliques du petit garçon qui maltraite la syntaxe joyeusement en incarnant le personnage qui résume les mensonges dont Bob Dylan s'est rendu coupable à propos de sa jeunesse. Mais, malgré cela, et également malgré le fait que je ne connaisse strictement rien à la carrière de Dylan, dont la voix et l'harmonica m'ont toujours semblé aussi charmants que les grincements d'une vieille porte aux gonds mal huilés (je sais déjà que je vais me faire allumer, mais c'est ainsi, j'ai les dents sensibles à certaines fréquences...), je suis rentrée dans le film tête baissée pour en ressortir emballée deux heures plus tard. Parce que sa construction est remarquable. Quelle ingéniosité ! Confier différents aspects d'un personnage aussi complexe plusieurs acteurs, dont un enfant afro-américain et une femme, c'était déjà une brillante idée, mais éclater la narration de sorte que ses fragments se répondent de cette manière-là, fertile et inventive, ça tient de la maestria. Comment se fait-il que ce film remarquable n'ait pas trouvé un public ? Au point de ne plus exister dans une version française quelques années plus tard, comme s'il n'avait jamais été distribué ? Je ne me l'explique pas. Surtout si on prend en compte le mystérieux prix Nobel attribué au chanteur il y a peu, qui aurait pu relancer la carrière de ce long-métrage si ingénieux. Bref, pour ma part, je suis fort aise de ne pas être passée à côté.