Identicals
2.9
Identicals

Film de Simon Pummell (2015)

Arrive le moment qu’on attend tous, le film d’ouverture, vendu comme remarquable dans le discours de présentation, avec un concept alléchant sur le papier. Le film débute par un plan assez étrange, le visage en gros plan d’une actrice qui répète toujours les trois mêmes réponses à des questions qu’on arrête de lui poser. Le film arrive au début à distiller une atmosphère empreinte d’onirisme technologique, mais passé ces quelques premières minute, l’ennui commence à s’installer et c’est là que les choses se corsent. Ayant bien trop recours à des effets de mise en scène plus qu’à une véritable mise en scène, le réalisateur réussit à nous faire entrevoir en quelques plans tout la lourdeur visuelle que son film transporte. Entre ralentis, arrêts sur images, rembobinages, zoom et dézoom, image au filtre technologique (c’est-à-dire remplie de chiffres et de trucs inutiles pour donner l’impression technologique). L’histoire se met assez vite en place, et en quelques minutes, la nana disparaît et le mec se retrouve seul, avec tous les téléphones qui sonnent et une voix de dictaphone lui dictant sa conduite future s’il veut que l’enlevée reste en vie. Rien ne se passe comme prévu, il re-croise la disparue, retombe amoureux, se fait tabasser et kidnapper par des Pères Noël. Arrive alors le pire plan du film, plan séquence fixe dans un parking, dans lequel l’acteur cabotine et essaye de nous faire ressentir le désarroi dans lequel il se trouve, sans y arriver une seule seconde. Jusqu’à la fin, il va alors croiser des doubles de lui-même, des doubles de sa nana, des vendeurs d’armes, des amis qui n’en sont pas… Bref, tout ce qui pourrait donner vie à une histoire simpliste à la base. Mais le film essaye d’étendre un univers de science-fiction qu’il n’est jamais possible d’appréhender dans son ensemble, malgré des plans (assez moches) d’une ville futuriste (dans laquelle le personnage principal est censé vivre), faute à une écriture qui ne donne aucune clé de compréhension de l’œuvre. Durant tout le film, on ne sait jamais où l’on est, aussi bien géographiquement que narrativement parlant. Le film se noie alors jusqu’à la fin dans un maelström d’effets visuels, sans réussir à donner sens et corps à l’histoire incompréhensible qu’il nous raconte. J’ai en plus la fâcheuse impression de regarder une énième fable hétéro-normé dans laquelle la femme n’existe qu’à travers les yeux de son petit-ami. Ainsi, on ne sait jamais ce qu’elle fait, ce qu’elle fut, on ne le saura d’ailleurs jamais, puisqu’elle est cette âme sœur inatteignable que tous les hommes veulent. Ou sinon, c’est que l’homme est trop con pour accepter de tourner la page. Ou sinon sa nana est morte, et le mec il est en thérapie avec lui-même, et les doubles du film ne sont que des facettes de sa personnalité… Bref, on ne le saura jamais, puisque (et je ne suis pas le seul), je n’ai pas compris l’histoire que le réalisateur essayait de nous raconter. Voilà ce qui arrive quand on vide toute la substance de son film et qu’on la remplace par des effets de caméras et de mise en scènes, qui ne servent qu’à faire durer le film, qui est déjà, malgré sa courte durée, extrêmement long…!
Comme le dit Marie, “ça commence mal! On vient de voir un film d’ouverture aussi nul qu’un film de clôture!”
Bien dit!


Tiré du journal de l'Étrange Festival de Paris : lire l'article entier sur mon blog...

VictorTsaconas
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Créée

le 20 oct. 2015

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Victor Tsaconas

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