Est-il nécessaire de replacer le film dans son contexte? Si on dit "1969" à n'importe qui il pensera immédiatement aux grands mouvements de contestation des années 60 qui ont connu leur point culminant en 1968-69. 1969 c'est l'année de Woodstock et de Easy rider, film culte du mouvement hippie, encore citer en référence aujourd'hui. C'est aussi l'année de If…, nettement moins "peace and love" ce film symbolise le côté iconoclaste de cette génération.
Et quelle plus belle icone à détruire que la figure du professeur, et d'une manière plus large d'un système éducatif plongé dans un immobilisme centenaire (voir plus), et par conséquent archaïque. Les jeunes de cette génération savent bien où à conduit l'éducation de leurs ainés. Même s'ils ne l'ont pas vécu eux-même, la seconde guerre mondiale a profondément marquée le monde. Beaucoup de famille sont encore amputé d'un membre. De quoi se poser de sérieuses questions sur le bien fondé d'une éducation martiale avec défilé, uniforme et patriotisme suranné.
Volonté d'une révolution culturelle donc, mais aussi sociale. Si Lindsay Anderson attaque de front le système éducatif (donc les professeurs) il s'en prend aussi à la stricte hiérarchisation sociale qui se fait sentir jusque dans les couloirs de l'internat. Symbole d'une société profondément injuste et violente, que ce soit physiquement (châtiment corporel de rigueur) comme moralement (harcèlement et bourrage de crâne).
Anderson dépeint la vie dans cette école élitiste de manière décousue. L'enchainement des évènements parait parfois incohérent. Beaucoup d'ellipses temporelles qui ne sont pas évidentes. Nécessaire je pense pour faire un condensé du pire de cette année scolaire, qui ne pouvait pas finir autrement que par une révolte d'une extrême violence. Peu importe comment finira cette révolte. Les médias sont au courant, les parents également. Le fait de s'être révolté suffit à renverser une institution d'apparence inébranlable. Au delà d'un ton très sombre If… est finalement un film optimiste.
Ce brûlot fut justement assez remarqué à sa sortie, obtenant notamment la récompense ultime à Cannes. Mais aujourd'hui qu'en reste t-il? If... ne s'est pas vu accordé par l'histoire un statut d'œuvre culte qu'il aurait pourtant mérité. On se souvient de Easy rider déjà cité, on peut aussi mentionner Le lauréat, Little big man ou La horde sauvage un peu dans cette même veine iconoclaste. Mais aucun de ceux-là (bien que je les adore tous) n'atteint la puissance et la radicalité de ce qui restera comme le chef d'œuvre d'Anderson. Un chef d'œuvre à la portée historique malheureusement très courte, un peu à l'image de la carrière de Malcolm McDowell d'ailleurs. Une étoile filante qui reviendra peut être un jour planer au dessus de nos têtes.