Un film Allemand sur le retour d'Hitler de nos jours, il fallait oser. Inspiré du livre éponyme de Timur Vermes, cette oeuvre cinématographique s'autorise un sacré synopsis. Un pari osé dans une Allemagne toujours victime d'une culpabilité latente, renforcée régulièrement par des accusation de nazisme, soixante dix ans après les faits. Au passage, ça n'a pas l'air de déconcerter grand monde d'accuser les allemands de notre époque, en oubliant joyeusement les saloperies de nos propres histoires nationales respectives. Mais passons pour nous concentrer sur le film lui même !


Berlin, de nos jours, Adolf Hitler se réveille, sonné, à côté de l'emplacement où se trouvait son bunker. Sa réapparition ne sera jamais expliquée dans le film, aussi on devra se contenter de l'explication de la destinée manifeste du Fuhrer de retour pour corriger à lui seule les tares de notre jolie société.


Tout d'abord le film mise sur un humour de décalage assez grossier. Adolf est "victime" de situations plus ou moins grotesque, allant du Fuhrer en pull-over, au maître du Reich fais les courses, en passant par l'inévitable Adolf se mange un obstacle.


Passé la première demi heure, on commence à se demander pourquoi déjà on a appuyé sur le bouton "play", et c'est à ce moment que tout commence à partir dans le dérangeant.


En accusation directe des mécanismes de consommation sociales dont nous faisons preuve, Adolf Hitler se lance avec un journaliste désespéré dans une opération visant à créer un buzz autour du personnage à la moustache célèbre. Haissant Hitler ou non (oui oui, y'a pas mal de crétins illustrés à l'écran dans le film, on vous dit qu'il ose tout) les gens sont néanmoins intéressé par être vu avec le "sosie" assez culotté pour se balader en uniforme en plus. Et que je prend des photos/videos et que je les poste sur facebook/instagram/snapchat etc...
Dans notre société hyper-communicante n'importe quoi est bon pour se faire remarquer, y compris l'un des plus grand monstre de l'histoire.


A ce moment les plateaux de télé rentrent en jeu, exploitant le phénomène. C'est évidemment un pari risqué, mais malgré tout avoir un humoriste qui fait des déclarations au second degré aussi osées fait bien rire le bourgeois moyen. Adolf lui même se sait l'objet de ridicule, mais il est déterminé a utiliser ce magnifique outil de propagande qu'est pour lui la télé pour faire passer ses messages.
A base de speech valables à toute époque il s'attire un certain capitale sympathie. Car oui, si quelqu'un promet de relancer l'économie en lançant de grand projets, de monter les salaires de s'occuper réellement des envies du peuple, cette personne sera écoutée. Surtout si elle a l'expérience en manipulation de notre dictateur vedette. Son slogan n'est pas sans rappeler certains hommes politiques actuels "Rendre l'Allemagne grande de nouveau".


Evidemment tout le monde n'adhère pas au personnage (ouf !) mais dans l'ensemble, Adolf fait bien son show à base de grands gestes de regards scrutateurs et de silences oppressants.
Sans spoiler la suite du film, on voit bien a quelle point le fameux "plus jamais ça" peut vaciller, même de nos jours, et cela fait toujours réfléchir de se poser la question de comment réagirions nous dans le même cas. Face à un monstre en puissance, surtout s'il n'a pas le handicap de la coupe de cheveux et de la moustache d'Adolf, qui représenter un sacré handicap pour notre potentiel confiance.


Dernier point que j'aborderai ici, à un moment Adolf commet une erreur lors d'un incident avec un chien. Il va perdre (temporairement) tout son capital intérêt auprès du public, dégoûté. C'est là selon moi une des grosses vérités que nous déballe ce film : on peut tout a fait faire un discours néonazi à la télé (prétextant un second degré ou masquant habilement ses propos), mais on ne peut pas faire de mal à un chien. Exactement pareil que dans un drame sur deux, on a plus d’empathie auprès d'un quadrupède plein de poil, idéal pour un câlin, qu'auprès de la moitié de notre espèce. Réellement.


Selon votre psychologie personnelle, ce film vous donnera envie de crier votre frustration, de lancer un mouvement pour améliorer la société ou de vous pendre en vous disant que le monde est vraiment un endroit pourri plein de cinglés. Ou les trois.


PS : j'adore les conclusion réjouissantes, merci donc d'avoir été jusqu'au bout, ça méritait une récompense !

Cluric
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le 20 juil. 2016

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Cluric

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