Il était temps par Benjicoq
Une mauvaise bande annonce (et une affiche affreuse) , ça peut foutre en l'air un film. Richard Curtis sort un nouveau film? Chouette ! Mais les extraits qu'on voit au cinéma sont assez navrants. Il a l'air d'avoir fait une énième comédie romantique, mais en oubliant ce qui faisait son sel : une bonne couche de cynisme , d'humour anglais, et de dérision qui faisaient passer la pilule cucul et qui équilibraient ses films. Un truc niais et oubliable. Les comédies romantiques, je ne les supporte que quand on échappe a tout ça. On a même l'impression de Bill Nighy est mauvais !! Diantre. Mais la moyenne du film sur senscritique était trop haute pour un film de cette trempe ...
Et bien en fait, il était temps n'est pas une comédie romantique. Au sens traditionnel du terme en tout cas. Parce que quand au bout de 50 minutes, le héros est marié et a des enfants, et qu'il reste une heure de film après... En fait le film est presque composé de deux parties , avec une première qui reprend les codes de la comédie romantique (présentation du héros, rencontre avec l'être aimé, coup de foudre, conquête, rupture éventuelle, puis happy end) et une seconde, presque plus longue , où on sent qu'en fait Richard Curtis a envie de parler d'autre chose. Une sorte de chronique familiale plus ample, assez triste et cafardeuse en fait. Ca parle de deuil, de transmission, de regrets, de passage a l'âge adulte. Et tout ça était bien mis de côté dans la bande annonce. C'est à la fois dommage (on risque de passer à côté du film) et malin (on est cueillis par surprise).
En tout cas, c'est un film qui prend son temps, pour présenter les personnages, leurs liens familiaux et sentimentaux. On finit par s'attacher a ces gens , qui sont certes parfois un peu hauts en couleur pour être crédibles (l'oncle) mais la plupart du temps très justes. La transition vers un film moins superficiel, joyeux et mignon et se fait en douceur, mais vers la fin, Curtis manque un peu de finesse et de subtilité (la musique, la voix off sont vraiment très appuyées et le message semble être forcé).
Le versant fantastique du film est assez bien amené. Le voyage dans le temps est utilisé de manière simple (on est loin des conséquences dramatiques type effet papillon) et efficace, et surtout n'est pas sur-utilisé. Le film utilise ça comme un ingrédient parmi d'autres, et ne tourne pas autour de ça. On a même de longues périodes de film où ce n'est pas du tout utilisé. Quand c'est bien utilisé, par contre, c'est très fort : Le passage où le héros , après une rencontre parfaite avec sa bien-aimée, choisit de tout effacer a contre coeur pour aider un de ses amis est surprenant, et touchant.
Le héros est campé avec pas mal de talent par Domhnall Gleeson (ce prénom :D !). Je ne l'avais vu que dans la série Harry Potter, et là il compose un personnage pas spécialement éclatant mais fort charmant. Au bout d'une heure, j'en pinçais un peu pour ce grand roux timide. Par contre Rachel McAdams, je la trouve comme souvent fade, pas très intéressante et complètement publiable. Bill Nighy est très drôle , très à l'aise, et très touchant quand il faut .
Franchement pas mal, ne serait-ce que pour la bonne surprise. Je serais heureux de revoir Richard Curtis explorer cette veine moins drôle et romantique dans d'autres films.