L’Ouest n’a plus le côté sauvage qu’il avait auparavant. L’arrivée du train dans cette contrée fait venir la civilisation, et disparaître la barbarie d’antan. Mais l’argent est toujours le facteur premier qui motive la nature humaine. Quelques hommes encore restent dans le passé et n’ont pas peur d’utiliser la gâchette pour parvenir à leur fin, quitte à laisser sur leur chemin des femmes et des enfants. Mal perçu à sa sortie aux États-Unis, Il était une fois dans l’Ouest possède l’essence narrative d’un western. La vengeance, le pouvoir et l’argent sont et seront toujours les thèmes primordiaux de ce genre cinématographique.

On peut analyser cette œuvre comme un conte légendaire où les personnages seraient de purs archétypes. Quand l’un incarne le Mal personnifié capable du pire, l’autre est une sorte de vengeur mystique intouchable et immortel. Les notes qu’il joue à l’harmonica renvoient à une perte passée, et annonce une mort prochaine. À l’époque, Henri Fonda a soixante-trois ans. En plus de surprendre tout le monde en jouant à contre-emploi en incarnant le méchant, il prouve à tous, grâce à son jeu très persuasif, sa crédibilité en cow-boy encore actif. Seul personnage féminin, Claudia Cardinale est splendide en représentant la beauté à l’état pur et la promesse d’un avenir meilleur.

Ces protagonistes ne seraient cependant rien sans la mise en scène de Sergio Leone, ultra précise et très esthétique. Ce dernier étire ses scènes à leur maximum pour créer chez le spectateur une sensation anxiogène. Nous faisons partie intégrante de ces scènes d’anthologie grâce à la multiplication des champs contre-champs, les différentes échelles de plan montées mécaniquement, ou les nombreux détails sonores. La façon dont le cinéaste gère l’espace bouleverse nos codes car ce n’est pas le scénario qui importe ici, mais bien les moyens formels qu’il utilise pour nous faire vivre une sensation unique : l’impression violente et indubitable que quelque chose de grave va bientôt se passer.

Quarante-six ans après à sa sortie, Il était une fois dans l’Ouest conserve toujours cette atmosphère poisseuse qui n’a pas vieillie. La composition de Morricone sonne juste et n’a rien perdu de son éclat. Nous avons tout simplement affaire à une œuvre culte qui traverse les âges grâce à sa performance artistique et l’universalité de son propos, pouvant toucher n’importe qui, n’importe quand. Telle une balle flamboyante sortant d’un pistolet rouillé…
Hugo_Harnois_Kr
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le 9 févr. 2014

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Hugo Harnois

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